Etrange semaine, sentiment étrange!
Journées colorées qui évoluent vers des souvenirs sépia.
Rouge de colère, verte de rage, jaune de dépit, broyant du noir, Mondrian (mis à part le vert qu'il détestait) aurait été inspiré ces jours-ci.
Difficile d'éloigner ce sentiment de profonde indignation.
Il a fallu trois jours pour assimiler cette évidence: les absents ont toujours tort! Il est bien aisé de les charger. Mais à leur retour, ils ne se privent pas pour se défendre et remettre les pendules à l'heure, non mais! Je n'aime ni la colère, ni la rancœur -j'en suis heureusement délivrée- mais face à l'injustice, je me cabre. Je suis la première à reconnaître mes torts et à tenter d'y remédier, j'accepte les remarques -constructives- même si elles chatouillent toujours un Ego difficile à conforter, mais m'imputer des choses dont je ne suis pas responsable, je n'accepterai jamais!
Ce soir...
A la recherche de certains écrits publiés il y a quelques années, j'ai entre les mains des textes et poèmes d'amis de différentes nationalités, des copies de diplômes, un dossier médical complet, des courriers de mes professeurs et d'éditeurs "avec mon meilleur souvenir", le montant de l'indemnité reçue lors de mon accident (j'avais oublié; ironie du sort, je n'étais pas en tort mais suis sortie indemne de l'accident mis à part une commotion et la langue en deux morceaux, l'autre conductrice très mal en point, mais coupable... Sa dextérité lui ayant fait défaut, cette pauvre religieuse cassée à senestre devait encore me dédommager...), différentes versions de mon mémoire, des invitations, des documents déjà jaunis et ce monde académique enfoui au plus profond de ma mémoire refait surface, il sent la pollution de la rue des Ecoles la pisse du métro les crottes de pigeon le grincement cynique des strapontins et leur claquement lorsqu'un quidam quitte bruyamment l'amphi, les volutes de fumées qui bercent nos discussions autour d'un café serré : le monde nous appartient! Viennent les montagnes, le parler rude et rocailleux des Ibériques, leur force et leur douce intransigeance, les couleurs franches faisant de l'ombre à la grisaille parisienne, le climat franc, clair et lumineux, qu'il neige ou qu'il fasse soleil... Des débats encore et toujours, des amitiés indéfectibles mais que le temps et la distance effilochent, c'est inévitable. L'émotion affleure, les larmes perlent, j'avais oublié, enfermé dans des fardes et des porte-documents, tout un pan de ma vie réveillé ce soir telle la Belle qui a dormi si longtemps...
Photo pêchée sur la toile