Je vais vous confier quelque chose.
J'aime la musique, cela ne surprendra personne. J'aime le violon, le piano, la clarinette et la voix, mais le saxo, ah, le saxo...
Griffure de l'âme, douce mélancolie, caresse des sentiments, bienveillante langueur au parfum de liberté, obscure lumière qui creuse les côtes de notes ensorcelées, ciel rouge déchiré, saxo, si intensément humain.
J'ai proposé à tous les miens d'en faire. Mon Grand préfère le sport, lire et faire des maquettes, Pitchounette a choisi le piano et l'équitation alors que Chenapan réclame un tambour que nous tardons à lui offrir...
Reste moi. Ben oui, pourquoi pas? Vous me voyez avec un saxo? Ce serait bien non? J'espère pouvoir être un peu plus performante qu'avec le cor de chasse qui n'a émis qu'un profond soupir lorsque je me suis essoufflée dessus. Comme la tondeuse que je n'ai jamais réussi à faire démarrer, malgré mes muscles bandés. D'accord, c'est une excuse pour ne pas tondre, mais quand même. Le tracteur de mes parents, il suffisait de tourner la clé et voilà, on était parti pour des heures de tonte au rythme de nos écouteurs et du chant des oiseaux.
Jouer du saxo, ce serait également un excellent dérivatif à toute velléité de fumer.
Savez-vous pourquoi je n'étais pas trop triste de quitter l'Espagne cette année? En faisant notre lessive quotidiennement, j'enfermais dans nos valises le soleil , le chant des grillons, le souffle du vent langoureux, l'odeur des olives et de la terre assoiffée, l'empreinte des étoiles et de la pleine lune, un peu de terre et de chlore, quelques cailloux, des amandes oubliées et des batons de sucette.
A notre retour, j'étais impatiente d'en soulever le couvercle, afin d'en réceptionner les essences.
Malgré la pluie, elles ne se sont pas enfuies. Elles étaient bien là, au rendez-vous!