J'adore faire des cadeaux aux personnes que j'aime, deviner ce qui leur plaira, offrir, voir leur joie aussi. En allant dans une librairie que j'apprécie beaucoup acheter je ne savais pas encore quel livre, je me suis retrouvée, dès l'entrée, face au cadeau et à cette merveille: "Henri Matisse, roman" de Aragon. (Je parlerai plus tard du cadeau, après Noël, car je ne l'ai pas encore offert et la personne à qui je voudrais l'offrir lit ce blog.) Côte à côte, ils étaient là, m'attendant. Je les ai serré contre moi et ai fait le tour de la librairie par acquis de conscience, mais je savais. Je savais que j'avais trouvé ce que je cherchais alors que je n'en avais aucune idée quelques minutes auparavant. Une illumination. Gallimard vient de republier ce livre d'Aragon que je n'ai fait que feuilleter avec bonheur. Imprimé sur du papier Bible, il compte un peu moins de 900 pages emplies de commentaires et de réflexions d'Aragon sur l'oeuvre de Matisse et au-delà de l'oeuvre, sur l'art. Il comprend aussi de très nombreux dessins, peintures et découpages du peintre. Pour vous en donner un avant-goût, je cite la dernière page du livre, dédicace à Elsa:
"Ainsi s'achève, sur cet éclatement, ce bouquet d'artifice, sur ce feu de signes végétaux, ce livre que tu ne liras jamais, Elsa (et je me demande pour qui je le laisse aujourd'hui publier), ce livre dont tu n'auras guère connu çà et là que les morceaux parus, car tu ne voulais plus connaître ce que j'y ajoutais que lorsque ce serait fini, que ce serait enfin un livre, que ce serait devenu un livre. Et, oui, c'est fini, c'est bien fini. Dieu, pourquoi, pour qui écrire?"
toujours cette même question, lancinante: Pourquoi écrire?
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