lundi 8 février 2010

"Horowitz et mon père" d'Alexis Salatko

"Horowitz et mon père" est un petit livre qui dépeint en couleurs délavées un anti-héros. Un de ces hommes qui mène une vie en mineure, discrète, effacée, tournant le dos aux honneurs et à la gloire.
Radzanov, le père du narrateur, ex-condisciple d'un certain Gorowitz au Conservatoire de Kiev, empli de cette rage de vaincre et de maîtriser et d'en découdre, gagne tous les duels pianistiques, même et surtout lorsqu'ils l'opposent à Gorowitz. Survient la révolution et la fuite en France. Réfugié, il troque sa jeunesse dorée contre un métier et devient chimiste chez Pathé Marconi, une usine qui produit des disques. Il rencontre Violette et, fou amoureux, l'épouse. Il vit heureux, discrètement, péniblement, parfois misérablement, a un enfant, accompagne bien malgré lui la maladie et la mort de son épouse et se réfugie dans ce qui lui reste, la musique. Au contraire de Gorowitz qui a émigré en Amérique et s'y est rapidement fait ovationner pour son talent, Radzanov joue, affronte le talent de son rival par l'intermédiaire des ondes de la radio et se mesure à lui encore et encore dans le minuscule appartement qu'il occupe avec son fils.
Lors d'un voyage aux Etats-Unis, le fils de Radzanov a l'occasion d'assister à un concert d'Horowitz et c'est la révélation.
D'accord. Je veux bien vous raconter la fin, ma fin -car celle-ci est sujette à interprétation- si vous vous engagez à lire le livre jusqu'au bout:
il comprend que celui qu'il vénère depuis son plus jeune âge comme un génie, le grand, le célèbre Horowitz a sacrifié son talent à la gloire, qu'il a privilégié l'esbrouffe et l'épate, la technique et la rapidité au coeur et à la sensibilité, que sa musique a perdu son âme alors que celle de Radzanov s'est enrichie pour et par et malgré ceux qu'il a aimé. Anti-héros? Pas tant que ça.
La différence entre la maîtrise d'une technique et une oeuvre d'art, ce n'est pas seulement le talent, c'est aussi l'émotion qui se dégage de l'oeuvre. Et c'est cette réalité qui s'est chargée d'évidence pour le narrateur lorsqu'il a pu assister personnellement à un concert d'Horowitz.

3 commentaires:

  1. chère Delphine, je suis très émue à la lecture de ton dernier paragraphe...très. Ces mots viennent pour moi au bon moment
    je peux pas en dire plus
    MERCI

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  2. Une merveille. Et un livre qui semble intéressant. Ouh la la!vivement les vacances que je puise lire un peu! Cathy m'a suggéré aussi de la lecture sur son site...je ne vais pas m'ennuyer!

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  3. Je vais commander ce livre, pas question de ne pas le lire.
    Merci de nous le faire découvrir.
    Je t’embrasse
    Math

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