vendredi 14 février 2014

Deuil

 
 
 
 


Je suis triste. J'ai le cœur endeuillé. Les paupières en berne. Ne vous méprenez pas: je ne suis pas en colère. Simplement effrayée par l'avenir que nous préparons à nos enfants avec de telles décisions. J'ai honte aussi. Honte pour eux et pour moi de les avoir élus. Honte du manque de courage, de l'absence d'amour et de l'individualisme qui règne en maître dans ce pays grand comme un mouchoir de poche, que d'aucuns voient encore comme un pays où il faut bon vivre, allez savoir pourquoi! On n'y trouve plus rien, plus d'entreprises (tout est vendu), plus de travail, plus de vie, plus de solidarité, plus rien. Du gris et du noir, de l'agressivité, des vols et des viols, des grèves et la mort, cette mort qui vous guette au détour d'une rue et dans les couloirs aseptisés des hôpitaux.

Je sais, j'affirmais le contraire hier. J'ai rencontré une énorme chaîne de solidarité, des personnes courageuses, généreuses, prêtes à se défoncer et à dire la vérité envers et contre tous, à descendre dans la rue, à se mouiller au sens propre comme au figuré, j'ai découvert la puissance et la force des (multi)médias et l'intelligence des remises en questions. J'ai eu des échanges extraordinaires avec des médecins et des bénévoles, j'ai entendu des témoignages bouleversants, j'ai été portée par l'espoir d'un monde différent. C'est juste, que, là, maintenant, après le travail exaltant de ces derniers jours, je me permets, rien qu'avec vous, ici, en tout petit comité, de me laisser aller à un coup de cafard.

12 commentaires:

  1. T'as bien raison , tu sais chez nous ça ne vaut pas mieux , moi ce qui m'a choquée il y a deux jours c'est d'entendre à la radio que notre président en déplacement aux EU , lors du repas qu'il a partagé avec ses hôtes il y avait une hésitation dans le choix du dessert , et pendant ce temps il y a des familles qui sont obligées d'aller aux restos du Cœur , voilà , Chère Delphine , je te fais des bisous ainsi qu'à ta petite famille et suis de tout cœur avec toi et tes compatriotes !

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  2. merci Hutte pour ta compréhension. Nous avons élu nos dirigeants, mais comme il est parfois difficile d'assumer...

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  3. Je comprends ce coup de cafard. Sans doute mon chemin personnel m'amène-t-il à considérer qu'hélas, refaire le monde n'est pas à ma portée, sans doute est-ce que je préfère rendre heureux les personnes autour de moi. Mais malgré mon indécrottable optimisme, j'ai moi aussi des moments de découragement intense, car ce que je lis ou vois quotidiennement me prouve que notre société occidentale est en pleine décadence. Et que ce n'est pas un cadeau pour les générations futures. Alors transmettons-leur simplement la force et l'enthousiasme.
    Je t'embrasse fort.

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    1. Pourtant tu es la première à t'indigner, à défendre tes droits, ton école? Bien sûr, il s'agit de cercles concentriques, ce que nous partageons avec les nôtres aura des répercussions, même si elles ne sont pas visibles à nos yeux. La décadence est bien là, nous le constatons tous les jours, mais heureusement, certains ne veulent pas subir celle-ci et osent aller à contre-courant. bises humides de Belgique

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  4. Je comprends votre peine. Dans ce climat de barbarie feutrée qui s'installe en France je ressens les mêmes angoisses. Que devient un pays où l'on se rit de la loi de la nature ? La vie est le premier trésor que nous devons apprendre à protéger. Je pense souvent à votre pays où votre roi, autrefois, sut mettre son honneur avant même son statut. Rien n'est jamais perdu, où règne aujourd'hui la justice demain la grâce abondera. Se dire peut-être que si un pays perd son âme c'est par les mille infidélités de chacun d'entre nous et qu'il la regagnera par le melange patient du devoir quotidien et d'une foi fervente.
    J'ai en ce moment des amis qui vivent en même temps le bonheur d'une naissance et la douleur de savoir leur petite fille trisomique. Leur force même est un des moteurs pour moi d'une confiance encore plus forte dans la nature humaine.
    Ps : je reviens d'un voyage à Hong Kong ou j'ai vécu pour la première fois l'enchantement des beaux caractères chinois et j'ai lu avec plaisir votre article sur la calligraphie.
    Bon dimanche.

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    1. Merci pour votre compassion cher Jacques. Vos mots sont justes, comme toujours. Et je suis de tout cœur avec vos amis dont les larmes sont douces-amères. Je passe chez vous en espérant que vous avez partagé votre merveilleux voyage avec vos lecteurs.

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  5. Allez, c'est bientôt le printemps...!

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    1. C'est vrai, je l'ai entr'aperçu hier après-midi, mais le voilà déjà reparti... Je t'écris en MP.

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    2. Oui, le monde est triste et je suis comme vous Delphine accablée par la perte progressive de toutes nos valeurs. Notre belle civilisation européenne est en pleine décadence et j'en pleure aussi lorsque je vois la désinformation constante qui s'étale dans nos médias. Mais il nous reste l'amour et la foi et la petite espérance dont parlait si bien Péguy.

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    3. Vous avez raison Armelle, l'amour, la foi et l'espérance, comme il est bon de le lire et de se le rappeler!

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  6. J'ai un avis différent de toi sur l'euthanasie : je ne suis ni pour, ni contre. N'ayant vécu ce cas de conscience pour mes proches, je ne sais pas comment je réagirais. Donc, je comprends tout aussi bien ta position mais je ne permettrais pas de juger les parents d'enfants en phase terminale qui défendent le droit à l'euthanasie. Franchement, je ne sais pas....et j'espère de tout cœur ne jamais y être confronté.

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    1. Je respecte ton point de vue, même si je ne le partage pas. Par contre, si tu as eu l'impression que je jugeais des personnes, je me suis mal exprimée: je ne suis pas d'accord avec une loi mortifère et toutes les dérives qu'elle occasionne. Je ne partage pas non plus la position de certains médecins dont l'idéologie ne rejoint pas la mienne qui est de défendre la vie et de la soulager ! Mais je ne me permettrais jamais de juger des personnes qui peuvent être désemparée par la souffrance de leur enfant!

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