"My heart is full".
Citant Paul Newman, Maylis de Kerangal nous offre la clé de lecture de son dernier-né, "Réparer les vivants".
Il ne s'agit pas de l'histoire de Simon Limbres, de sa passion pour le surf, la grande vague, la déferlante, la scélérate, les rouleaux, tubes, lames, "cette onde venue du fond de l'océan, archaïque et parfaite, la beauté en personne" (p. 16) ou de la souffrance, de l'errance, de la solitude, de l'anéantissement de ses parents qui vivent à chaque minute, raz-de-marée, la mort de leur fils, ni de celle de Juliette, "défigurée comme les autres, méconnaissable" (p.243), encore moins de celle des médecins et infirmiers qui vont le soigner, le palper et l'accompagner pendant les longues heures qui s'égrènent au rythme de son cœur encore en mouvement, ou de Claire, souffrant d'une myocardite et vivant de l'attente et de la peur d'une greffe, "d'un corps étranger dans le sien" (p. 207). Il y a un peu de tout cela, beaucoup de cela même, mais le véritable protagoniste de l'histoire, le personnage central, le nœud, le lien, le héros, c'est le cœur de Simon. Ce cœur, "boîte noire d'un corps de vingt ans", "vie de flux et de reflux, vie de vannes et de clapets, vie de pulsations", "nul ne saurait le connaître" (pp. 11-12).
Autour de ce cœur se cristallisent toutes les émotions, les vies, les attentes, les regards des personnes qui l'approchent et le côtoient, l'espace d'un moment qui se situe hors du temps, "en ce lieu exact du cosmos où se croisent la vie et la mort" (p.269).
Grâce à une écriture qui s'apparente à une gigantesque métaphore, Maylis de Kerangal entraîne ses lecteurs dans ce que l'homme à de plus intime et de plus universel, de primaire, d'animal mais de spirituel, dans les méandres de ses pulsions et battements, à l'image de ce cœur humain dont "seule une image en mouvement créée par un ultrason pourrait en renvoyer l'écho, en faire voir la joie qui dilate et la tristesse qui resserre (...) un récit, en profiler la vie" (p. 11).
Ed. Verticales, 2014
J'ai lu ce livre il y a quelque temps et j'ai beaucoup aimé la sensibilité avec laquelle l'auteur nous entraine dans l'intime de l'être
RépondreSupprimerY a-t-il un livre que tu n'aies pas lu?
RépondreSupprimerElle emploie des images qui nous transportent au plus profond de nous-même... J'ai eu froid dans les os en découvrant la confrontation avec la mort sans l'espérance d'un au-delà : je l'ai ressenti comme une souffrance "primitive" (pardon pour ce mot mais je n'en trouve pas d'autre pour exprimer ce hurlement de douleur qui se transforme en complainte chez les parents de Simon) qui n'a où se tourner et de ce fait se replie sur soi...
Je comprends que ce livre vous ait plu. Rien que le titre est superbe. J'en ai lu des extraits et cela m'a accrochée. Je vais me le procurer à la bibliothèque pour ne pas rester sur une simple impression.
RépondreSupprimerJ'espère qu'il vous plaira chère Armelle. Son écriture vous emporte dans des abysses insoupçonnés.
SupprimerJe suis perplexe car je ne connais pas du tout ce livre - qui semble très ... vital, malgré son sujet. Les vérités et émotions primitives, oui. A découvrir certainement;
RépondreSupprimerEt j'ignorais que tu avais rendu vie à ton blog :-) Ravie!
C'est "vivant", en fait. Je suis peu passée chez toi à mon retour car je n'avais pas actualisé l'adresse de ton blog, mais voilà qui est réparé...
SupprimerGrrrrrrrrrrrrr... Mon commentaire a disparu!
RépondreSupprimerJe disais que ce livre semble en effet prenant, les émotions et ressentis primitifs... et qu'il était paradoxalement peut-être... vitalisant!
Ravie de te retrouver sur ton blog, je ne savais pas que tu en avais repris le "fil" :-)
Non, non il est là. J'ai toujours la modération des commentaires qui en fait ne sert à rien -en ce qui me concerne en tout cas.
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