vendredi 2 mai 2014

"Nina Simone, roman" de Gilles Leroy - Just Say I Love Him



Avec le dernier-né de sa trilogie américaine, Nina Simone, Gilles Leroy ne déçoit pas. De sa plume enlevée mais pleine de tendresse, il dévoile  l’intimité d’Eunice Kathleen Waymon, qui prendra plus tard le nom de scène de Nina Simone, sans jamais tomber dans le voyeurisme. On ne s’ennuie pas en découvrant la vie dure et solitaire de cette grande diva, en l’écoutant raconter son enfance de petite fille noire, pauvre mais protégée par des parents pasteurs et des mécènes blanches. Bien qu’elle ait été élevée pour devenir la meilleure concertiste noire du pays, sacrifiant son enfance pour le piano, elle sera refusée par le célèbre institut Curtis, sans doute en raison de ses origines. Remarquée dans un cabaret où on l’a obligée à chanter pour accompagner son jeu au piano, elle devient peu à peu connue, non pas comme pianiste, mais pour le timbre unique de sa voix. Elle devient incontournable, riche, célèbre, se marie puis divorce, découvre les hommes, l’alcool et la solitude. Elle qui rêvait de jouer Bach, Mozart et son cher Debussy chante de la soul et du jazz. Elle s’implique un moment dans la défense des droits civiques. Elle meurt seule, malade, pauvre, abandonnée de tous.

Une biographie romancée réussie, car elle nous rend Nina humaine, proche, dure mais fragile, capricieuse, malheureuse et courageuse. Dorénavant, ses chansons auront une densité nouvelle pour moi.
« Et toi, Nina, diras-tu que tu as réussi ta vie ? » J’ai réfléchi un bout de temps. « J’ai vécu la vie d’une autre, Comment décider si c’est une réussite ou non ? » (p. 253)

éd. Mercure de France, 2014

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