samedi 31 octobre 2009

Maison et famille

Une journée improvisée et magnifique! Ce matin, nous avons décidé de visiter des maisons que nous avions repérées sur internet.
J'ai mis du temps à rejoindre le point de vue d'Amaury, moi, l'ex-campagnarde devenue une parfaite citadine ayant job et enfants, jonglant entre les devoirs, les courses, les appels professionnels et les activités, la famille et les copines que je ne vois pratiquement plus faute de temps.
Mais finalement, j'ai compris: ras-le-bol de cet air vicié, de cette belle et grande maison mitoyenne (vous savez que mon aîné a l'impression que chez les voisins on "accouche" tous les matins (sic) ... je vous passe les détails... Amaury a fait le tour des locataires le jour même afin de leur parler), de ce stress, de ces avions, de ces camions poubelle et de ces ambulances qui réveillent les enfants, de ce rythme qui cause maux de tête et maux de dos... Vive la campagne! Comment toi? Es-tu sûre? Tu ne vas pas déprimer? Et l'hiver noir, isolée de tout, sans voisins... Que nenni! Avec les technologies actuelles et toutes les opportunités, il n'y a pas moyen de s'ennuyer. A bientôt quarante ans (très bientôt) j'ai envie de me poser, de me reposer, de profiter de l'essentiel. Pas envie de passer à côté. Alors nous avons commencé à regarder. La maison sera l'élément déclencheur et nous dira de quoi l'avenir sera fait. J'ai confiance. Et nous avons vu quelque chose qui pourrait vraiment nous plaire, où Amaury pourra donner libre court à son talent d'architecte, en pleine campagne mais près de tout... Bien sûr il y a des mais, mais c'est un début, et je crois qu'on se rejoint et je suis certaine qu'on trouvera ici ou là-bas.
En chemin vers la troisième maison, nous nous sommes arrêtés pour acheter des pantalons à notre Grand et nous nous garons face à une voiture qui... GSM le confirmant, appartient à ma soeur qui habite Arlon. Qué bonheur! Déjeuner ensemble, leurs enfants et les nôtres ravis, les adultes encore plus. Arrêt chez les beaux-parents pour un kiss et retour à notre maison de ville deux façades, pour une fondue au fromage familiale que je prépare dans la minute.
Je vous laisse car le devoir m'appelle. Profitez-en pour admirer l'aquarelle d'Amaury qui illustre ce billet. Peut-être notre village ressemblera-t-il à celui-là?

mercredi 28 octobre 2009

mardi 27 octobre 2009


Aller plus loin, toujours plus loin, savoir que c'est tout droit, qu'il n'y a pas moyen de rebrousser, on est lancé, on va de l'avant, envers et contre tout tacatac, tacatac, tacatac, tacatac.
on jette un oeil à gauche, on penche la tête à droite, tacatac, tacatac, un peu déséquilibré, c'est devant que ça se passe! Là où les rails s'unissent, là, au bout de l'horizon, ce point d'union, c'est notre destinée, notre but, notre devenir vers lequel chaque tour de roue nous dirige encore et encore...
Je ne comprends rien, où vais-je? Pourquoi? Et demain?
Avance, tout ira bien si tu as confiance !
tacatac tacatac tacatac tacatac tacatac tacatac tacatac.

photo empruntée à "from Belgium with love"

vendredi 23 octobre 2009

Sévir


Vous savez tous ce que c'est que de sévir sur un enfant pour la bonne cause, pour l'aider à grandir, pour en faire l'adulte de demain.
Mais savez-vous ce que c'est que de devoir sévir sur un adulte dans le contexte professionnel? recadrer, corriger, avertir et demeurer ferme malgré les justifications, malgré les incompréhensions, les larmes, les insultes, les menaces, les tentatives de chantage, les silences, les dos qui se détournent, les regards qui se baissent... alors que vous savez que c'est nécessaire, parce que les limites sont dépassées, parce que les accords ne sont pas respectés, parce que les rappels demeurent lettre morte. C'est dur, très dur, surtout lorsque c'est vous qui en êtes l'acteur. On me dit tous les jours: "je n'aimerais pas faire ton boulot", et j'en ris parce que je construis, j'améliore, je travaille au bien-être, j'aime mon job de manière générale, mais hier et aujourd'hui, ce n'était pas pareil, c'était l'envers de la médaille, tout ce que je n'aime pas faire, ce qui est contre nature mais que je dois faire parce que ça aussi c'est mon job et parce que c'est juste. Mais là j'ai eu ma dose, je vous assure. ras-le-bol, lasse, usée, cassée par la mauvaise volonté, l'incompréhension, la mesquinerie et j'en ai les larmes aux yeux et j'en ai été dure avec les enfants parce que c'était trop tout simplement.

lundi 19 octobre 2009

Mes Bonne-Mamans

J'ai, j'ai eu deux bonne-maman.
L'une est toujours parmi nous, vaillante, parfois vaille que vaille -son genou la fait souffrir continuellement- régnant sur sa tribu d'une centaine d'enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants, causant, riant, distribuant nombre conseils et admonestations. Elle est le tronc qui nous rassemble, nous autres frères, cousins et arrière-cousins, qui nous permet de nous revoir et de nous apprécier, surmontant les différences pour reconnaître simplement ce qui nous unit: un même lieu (le lieu de nos vacances, les cache-cache casserole, les camps sur l'île, les cabanes, les glissages dans le couloir ou dans l'escalier, la fontaine qui inondait ledit-couloir, les courses sur le toit, les cachettes dans le grenier et l'exploration des caves, les tableaux pleins de trous d'échasse, le tiroir à bonbon, la cloche sonnant le déjeuner -punaise, tout le village savait quand on mangeait...) mais surtout une même personne et un même sang, bonne-maman de L.
J'en parlais dans un billet précédent à l'occasion de ses 90 ans. Quelqu'un lui a mis le billet sous les yeux: elle m'a avoué s'y reconnaître à 300%. c'est que c'est un caractère bonne-maman de L. J'aurais tant et tant de choses à écrire à son sujet, mais aujourd'hui, c'est de l'autre bonne-maman que je souhaite parler.
L'autre bonne-maman, bonne-maman de S, nous a quitté il ya quelques années à plus de 90 ans. Cette bonne-maman-là était, comment dire, l'extrême opposé de bonne-maman de L. BM de L. vit tournée vers l'avenir, BM de S portait le passé serré contre son coeur, irradiée de souvenirs qu'elle faisait vivre sous une forme ou une autre. Issue d'une famille de 11 enfants, artiste dans l'âme (ou du moins c'est ce qu'on cultivait dans sa famille) elle possédait son carnet d'aquarelles qui a atterri chez moi il y a quelques années et que je feuillète quelquefois avec tendresse et nostalgie. Elle formait un véritable orchestre avec ses nombreux frères et soeurs: elle était au piano. Son demi-queue playel est aujourd'hui entreposé pour une durée indéterminée dans le hall à glissades de l'autre bonne-maman (c'est peut-être ce qui les unit aujourd'hui, mes deux bonne-mamans). Pendant la guerre de 14 elle a passé quelques années en Angleterre, en a retenu les tisanes et le thé qu'elle nous a toujours servi très allégé comme en Angleterre (sauf que l'Angleterre le servait alors très léger car c'était la guerre ma bonne Dame puisque je vous le dis!), le tennis, le croquet et l'amour des roses.
Elle connut mon grand-père lorsqu'elle avait 30 ans et lui 20. Ils s'aperçurent trop tard de la différence d'âge, l'amour s'en était déjà mêlé. Elle accoucha un an après d'un enfant et oh surprise, une demi-heure après d'un autre. les jumeaux dormaient tête-bêche et portaient le même prénom au masculin et au féminin. Ensuite naquit mon père et encore une petite dernière.
Elle aimait beaucoup les principes et les belles idées. Elle avait un grand fourneau à charbon qui faisait tout le mur de sa cuisine et n'a jamais voulu en changer. Elle a simplement accepté d'y installer le gaz. Elle avait l'eau courante dans sa maison, mais a fait installer une pompe à eau dans sa chère cuisine, je ne sais si c'est par nostalgie ou pour profiter des vertus de l'eau de pluie (auquel cas ma grand-mère tournée vers le passé était résolument avant-gardiste...), elle avait à côté de son lavabo une petite pochette décorée de roses dans laquelle elle conservait chacun des cheveux qu'elle prélevait de sa brosse, dans le but de faire un chignon postiche pour sa chevelure qui petit à petit s'argentait. Cette même chevelure avait droit chaque semaine à un oeuf, recette idéale pour la brillance du cheveux... Elle faisait des confitures à la tomates, possédait une machine à tricoter, une Daf bleu marine qu'elle avait dotée d'une tige en métal qui l'avertissant lorsqu'elle se garait trop près du trottoir, y transportait les malades qu'elle visitait chaque semaine avec humilité et générosité. Elle allait à la messe, une fois et puis encore une autre si mon grand-père trop occupé à ramper dans les marais à guetter ses chères bécassines l'oubliait. Elle fabriquait elle-même d'énormes Saint-Nicolas en spéculoos qui demeuraient pendant des mois dans nos armoires, tondait la pelouse avec un chapeau de soleil blanc, des gants et une tondeuse anglaise, reconnaissait à la rhubarbe crue des vertus exceptionnelles (j'en ai fait les frais pendant une semaine lorsque j'avais 5 ans, je m'en souviens encore), cachait les pralines que mon grand-père aimait trop, lui demandait de couper ses cigarettes en deux ce qu'il faisait, tout en fumant deux fois deux demi-cigarettes dans son fume-cigarette), nous offrait chaque année des Quality Street, un pull rouge pour mon oncle et un vert pour mon père. Bonne-maman de S était ma marraine. A ce titre, et comme je suis née en début d'année, j'avais droit à un traitement de faveur à chaque déjeuner de Noël. Au lieu de déjeuner à la table des enfants, j'avais l'honneur de m'asseoir à côté des mes oncles et tantes et d'avoir, au moins une fois, droit à la parole, en général un peu avant le dessert. Lorsque Bonne-maman recevait elle était toujours très agitée. Toute leur vie, ses filles et belles-filles ont tenté de la soulager, mais elle tenait à s'assurer personnellement de la perfection de ses réceptions. Elle me montra un jour son carnet de bal, conservait précieusement les lettres de ses enfants et les poèmes de ses petits-enfants, les images mortuaires qui marquaient les pages de son missel, les photos des personnes qu'elle aimait. Bonne-maman ne croyait qu'en sa médecine. Je l'ai presque toujours connue se nourrissant exclusivement de riz complet, de carottes et de très peu de poisson (un régime macrobiotique, ça vous dit quelque chose? Moi, ça m'a dégoûté à jamais, cette rigueur alimentaire...) faisant des exercices pour la vue jusqu'au moment où la cataracte la rendit quasi aveugle, refusant toute canne, bâton, tuteur ou autre support à sa démarche de plus en plus courbée, pauvre bonne-maman, l'ostéoporose l'a prise de front, son front à elle ne regardait plus que le sol à la fin de sa vie. Lorsque je suis venue lui rendre visite avec Amaury, une des dernière fois que nous l'avons vue, nous avons sonné à la porte qui s'est ouverte en grinçant comme à chaque fois, peut-être encore un peu plus fort, ses yeux larmoyant essayaient de nous fixer, ses vêtements que je lui connaissais depuis près de trente ans tentaient encore de faire illusion, ses cheveux pendaient un peu lamentablement autour de son visage si ridé, lavé tous les jours à l'eau froide pour le tonifier, son corps donnait l'impression de vouloir s'effondrer dans nos bras, mais lorsqu'elle parla, c'était ma chère bonne-maman de toujours qui reprit vie dans ce corps tout chiffonné, tout usé, abîmé par les coups de la vie, mais en même temps si lumineux.
Je crois que ma bonne-maman de S aura toujours vécu un poème au coeur et une aquarelle au fond des yeux, essayant d'adapter le monde à ses rêves de jeune fille...

samedi 17 octobre 2009

Les nuits d'une maman


Les nuits d'une maman ressemblent à cette photo.
Les nuits d'une maman sont rarement noires.
Les nuits d'une maman sont en général composées de rythmes assez variés, elles sont striées d'éclats de voix, de lumière, de pleurs, de fièvre....
La nuit dernière par exemple, mon fils s'est couché avec 39,5° de fièvre. Anxieuse, je me suis levée à plusieurs reprises afin de m'assurer que la température ne montait pas. Il faut avouer que petit, il nous faisait de très fortes fièvres, à tel point que nous avons eu droit à des convulsions... J'espère que le jour de ses 20 ans, j'aurai arrêté de tâter son front à 3 heures du matin... Ma fille vient nous trouver peu après, tremblant des pieds à la tête. Elle est persuadée d'être lépreuse et veut un médicament pour la soigner. Après l'avoir rassurée, elle retourne dans sa chambre. Une demi-heure après, Chenapan se réveille et fait part à sa mère -en criant- qu'il a un besoin pressant. On a beau lui expliquer que ça n'intéresse personne (encore moins la nuit) il aime partager tous ses faits et gestes à très haute voix (et la double otite n'aide pas) et toutes lumières allumées.
Une demi-heure après, ma fille à nouveau : "Mamy, j'te jure, j'ai la lèpre, regarde, j'ai un bouton bizarre là sur le front" affirme-t-elle, toujours tremblante et terrorisée.
"Mais non, ma chérie, ton nez est toujours là, je le touche, et je ne sens pas ton bouton. retourne dans ton lit et dors tranquillement ma puce."
Le lendemain d'une business-woman maman ressemble à ça: "Salut, tu vas bien? Tu as l'air un peu malade."
"Malade, moi? Non, non ça va." Répond la super-woman les yeux pochés et le dos courbé. "Pleine forme! C'est juste cette allergie au conditionnement d'air qui me joue des tours... Et toi?"
"Oh, moi... " et on est parti pour des larmes et encore des larmes. Finalement, je me rends compte que mes maux sont vraiment insignifiants et j'esquisse un sourire sous mes yeux pochés en essayant de redresser mon dos...

photo empruntée à From Belgium with love

vendredi 16 octobre 2009

L'art de déléguer


Je pensais m'arrêter sur les beautés de mon métier (sans doute parce que je suis confrontée ces jours-ci aux aspects les plus pénibles de celui-ci: avertissements, absentéisme à gérer etc etc...) mais je suis tombée sur un billet de Bérangère qui me laisse bien songeuse. Elle y parle de sa difficulté à laisser faire ses enfants, alors qu'elle agirait mieux et plus rapidement qu'eux.
Que ce soit dans le cercle familial ou professionnel, nous sommes tous tentés de prendre sur nous. Pourquoi?
Bérangère fournit la majorité des réponses: avoir la paix, être certaine du résultat, gagner du temps.
En même temps, l'enjeu est primordial: une mère (je ne parle pas d'elle bien entendu) qui fait tout à la place de sa progéniture ne permet pas à celle-ci de grandir, de faire des expériences, de se tromper, d'arriver à des résultats, de se former. Un chef qui ne délègue pas ne permet pas à ses subordonnés d'apprendre, d'évoluer, de prendre des initiatives et étouffera tout esprit d'équipe.
L'art de déléguer, c'est :
s'assurer que la personne aie les compétences nécessaires pour mener à bien les tâches qui lui sont confiées;
convaincre la personne qu'elle est capable d'assumer la tâche qui lui est attribuée et expliquer pourquoi on lui fait confiance;
lui faire confiance;
transmettre l'information nécessaire à la bonne exécution de la tâche;
se rendre disponible pour répondre aux questions éventuelles;
comprendre l'erreur si elle n'est pas répétitive;
évaluer le travail effectué avant de prendre une décision;
et peut-être le plus difficile de tout:accepter que le subordonné prenne du galon.
Si on agit de la sorte, je peux vous assurer que le manager et la mère (qui est un manager exposant 6) perdront sans doute un peu de temps au début, mais rapidement, ils pourront se reposer sur de nouvelles personnes de confiance.
A bon entendeur...

mercredi 14 octobre 2009

Mais où est-elle?


Mais où est-elle? Où est ma cuillère Mickey? Je sais, je devais rester à table, mais comprenez-moi, lorsque je voudrais m'exprimer, je n'ai jamais droit à la parole, les autres sont déjà en train de parler. Alors, je fais du bruit, je tape mon couteau contre mon verre, je fais des pyramides avec les ronds de serviettes, j'étale toute sorte de jolies couleurs autour de mon assiette, style jaune d'oeuf, rouge ketchup, rose grenadine, vert épinard, je chantonne et me balançant et en faisant gentiment grincer ma chaise, on me demande de ne pas interrompre, d'attendre mon tour, d'arrêter de gigoter, de retirer mon coude à table, alors j'y mets les deux bien en évidence, au moins, on fait attention à moi, et quand enfin on se tourne vers moi "vas-y raconte-nous", je ne sais plus ce que je voulais dire. C'est malin! En plus, je ne peux pas me lever de table et j'ai une envie pressante. Je me suis trompé, je pensais ne pas devoir y aller... Pas de chance! Comme je suis grand mais quand même encore petit, je reçois finalement la permission de me lever. Pensez si j'en profite. Je file m'exécuter pour disparaître ensuite à la cuisine. trop bon tout ce qu'on trouve dans le frigo, surtout lorsque Maman Chérie (je l'appelle de plus en plus comme ça, j'ai vu que ça la faisait craquer) fait les courses. Je prends un grand tabouret, me hisse dessus et prends un flan. Comme je me débrouille bien tout seul! Oups, une pile de Gervais est tombée par terre et il y en a un qui est éventré. Pas grave, j'essuie avec ma serviette, ni vu ni connu. Ils se sont rendu compte de mon absence prolongée et me rappellent. Me dépêcher... trouver ma cuillère préférée... Mais où est-elle???? On m'appelle encore et encore, aie, aie, aie, faut que j'y aille, à bientôt!

lundi 12 octobre 2009

"Bécasse", détail d'une aquarelle d'Amaury

L'automne, les feuilles rousses qui craquent sous nos pas, les branches qui nous fouettent le visage, l'odeur âcre des champignons, de la mousse, des écorces, les brumes qui se mêlent à la rosée matinale, le soleil jaune pâle traversant timidement le ciel chargé, le souffle accéléré qui accompagne le rythme de nos pas... Soudain, c'est la nature entière qui s'ébroue et quitte cette somnolence à laquelle peu à peu elle s'habituait: les feuilles frémissent, les taillis s'écartent afin de ne pas blesser l'envolée d'ailes et de plumes qui tentent de se frayer un passage au-dehors des ronciers qui l'agrippent, des fougères qui obstruent la voie vers la douceur paisible des hauteurs ennuagées. Elle oblique, virevolte, tourne, braque, plonge, change de stratégie une fois et puis une autre, concentrée... échapper encore une fois...

J'ai un mari chasseur, un réel amoureux de la nature à qui je dois de nombreuses très belles découvertes, moi, l'habituée des cygnes et des paons et des canards de mes pères d'origine brugeoise...
Un chasseur qui aime les Ardennes et ses bois de sapins, qui respecte infiniment le rythme de la nature, qui est à son écoute, connaît ses forces mais aussi ses maladies, vibre avec elle, souffre quand elle est maltraitée, ça mérite un immense respect, je vous assure.

vendredi 9 octobre 2009

Star

Il y a des années de cela, bien avant que je ne connaisse Amaury, je suis tombée amoureuse d'un jeune homme charmant, beau, doux, tendre, orgueilleux. Un beau jour, je me suis retrouvée dans ses bras, sans savoir comment, la tête posée sur son épaule, ses bras m'enserrant avec chaleur, son souffle effleurant ma nuque, ma gorge palpitant au rythme accéléré de la joie d'être là avec lui et de l'angoisse que cela provoquait en moi. Nous étions sur un banc public, les voitures passaient en trombe à gauche et à droite...
Je crois bien que c'était un coup de foudre.
Peut-être est-ce pour cela, peut-être pour mille autres raisons qui sont enfouies en moi, je lui ai demandé de ne plus chercher à me revoir. Il n'a pas compris. Il devait quitter la ville parce que ses études l'appelaient ailleurs, il m'a tourné le dos et puis les larmes dans les yeux (je ne saurai jamais si c'était de tristesse ou de rage) il s'est tourné vers moi pour me lancer :"Tu ne veux pas de moi parce que je ne suis pas assez bien pour toi. Mais je te jure qu'un jour tu me verras à la télé!". Il ne m'a pas donné l'occasion de me justifier, de contredire ces paroles dures et injustes.
Des années plus tard, ahurie, j'ai reconnu sa photo illustrant un programme télé. Il présentait depuis un bon bout de temps déjà une émission à grand succès.
A mon tour, j'en avais les larmes aux yeux: finalement, il avait obtenu ce qu'il voulait. Il était là, animant l'écran de télévision, parlant avec aisance, le nez toujours aussi insolent, le sourire narquois. Il s'était accroché et était arrivé là où sa volonté le guidait.
Et puis je l'ai retrouvé encore et encore, dans une émission ou un magazine, dans des interviews...
Je ne suis pas sûre qu'il se soit souvenu des paroles qu'il m'a dites ce jour-là. Moi je m'en suis souvenue.
J'ai retrouvé ses coordonnées, ai rédigé un mail et puis un autre. Pour le féliciter, pour lui exprimer la joie que je ressentais pour lui. Pour, peut-être, enfin, pouvoir lui expliquer.
Tous effacés. Jamais envoyés. A quoi bon maintenant. Laissons le passé là où il est, laissons-le à sa gloire et à ses émissions. Espérons qu'il ait trouvé son bonheur. C'est tout ce que je lui souhaite.

mercredi 7 octobre 2009

Aquarelles

Détail d'une aquarelle d'Amaury.
On s'y croirait, vous ne trouvez pas? Ce souffle marin, cette odeur d'algue verte, ces mèches de cheveux iodées qui se collent à votre front, la langue que vous passez sur vos lèvres craquelées et piquantes de sel, les doigts gourds, le cri des mouettes, le craquettement des cigognes, les vanneaux huppés, le Zwin...

mardi 6 octobre 2009

Punition

Qu'il est difficile de punir un enfant (même si camoufler le sourire qui se dessine devant la drôlerie de nos pitres irrespectueux est parfois bien difficile...)! Mais que ces punitions sont nécessaires afin de discipliner les lutins sans limites aucunes.
C'est étrange. Chez nous, il a fallu tout délimiter, chaque parcelle de terrain conquis ou à conquérir, l'inaccessible, l'intouchable, tout a été tenté, essayé, du bout des doigts, derrière le dos ou de front, si nécessaire à force de coups de gueule et de coups de pied. Et les punitions ont évolué en fonction des réactions et des révolutions: comment mettre votre enfant dans le coin quand il le quitte en vous narguant? Lui tenir la nuque le nez collé à la paroi? Pas très éducatif et bien violent, non? Que faites-vous quand il vous crache dessus, qu'il vous menace de vous couper la tête, que quand il reçoit une fessée, il tape plus fort? L'enfermer dans sa chambre? Alors que vous savez qu'il ouvre sa fenêtre et s'assied sur l'appui de fenêtre? Priver de bonbon, de dessert, de télé... La lassitude s'installe rapidement face à celles-ci et la punition finit par faire partie d'un quotidien gris et banal, tout ce qu'on déteste.
Heureusement, j'ai constaté avec nos trois qu'au moment où étions réellement à court d'idées, notre descendance s'assagissait. Heureuse coïncidence ou nature humaine?
Peu importe... En lisant les billets et commentaires de toutes ces mamans d'ados, je me rends compte que nos petites punitions, distillées avec intelligence et parcimonie ont leur raison d'être et forgent nos enfants pour demain. J'espère cependant ne jamais être confrontée à des ados à punir. Aujourd'hui, je ne me sens réellement pas prête pour ça. Et cela a-t-il une raison d'être?

dimanche 4 octobre 2009

Envolée - "Clair de Lune" Debussy



Une portée aérienne
Une envolée céleste
Et puis une attente
Toujours plus près
Toujours plus fort

L'attente du mouvement, de la main qui effleure les touches de son pinceau de soie, les caresse, les entoure, les pose, les noue, les dénoue, les renoue encore pour offrir enfin cette vivante nuée



J'ai emprunté ces aquarelles à Epistyle, que je remercie de tout coeur.

vendredi 2 octobre 2009

"84, Charing Cross Road" de Helen Hanff - Redu


"84, Charing Cross Road" est le recueil d'une correspondance entre une écrivaine américaine à la recherche des livres qu'elle ne trouve pas dans son pays et l'employé d'une librairie anglaise spécialisée en beaux livres anciens. Cette correspondance de plus de vingt ans qui prend place au début des années 50 et est, au départ, purement professionnelle devient peu à peu le vecteur d'une réelle amitié, favorisée par l'humour corrosif et à propos de l'Américaine et par les répliques empruntes de flegme britannique de Doile, l'employé de Marks & Co. Elle se charge de quelques confidences, de traits d'esprit, d'échange de recettes, de chroniques journalistiques et finalement, c'est tout le personnel de la librairie qui attend avec impatience les lettres de l'américaine, recevant compliments ou remontrances, conseils et cadeaux et lettres aussi parfois.
Cette correspondance prendra fin au décès de Doile, alors que Helen Hanff avait planifié à plusieurs reprises une visite qui sera une fois et une autre reportée. respirera-t-elle un jour le parfum poussiéreux de la librairie?
Un film en a été inspiré, interprété par Anne Bancroft et mon cher Anthony Hopkins. Il est lent, trop lent pour beaucoup, mais pour les amoureux du livre et du verbe, pour ceux qui apprécient les finesses de l'amitié, je suis certaine qu'il leur plaira. Moi en tout cas, je ne me lasse pas de le regarder, encore et encore.


Pour continuer à répondre à Mathéo, Redu est un tout petit village ardennais qui se caractérise par ses nombreuses librairies spécialisées. A voir mais en-dehors des événements grand public qui lui enlèvent beaucoup de charme de surtout de tranquillité. Or quand on se penche sur des livres que recherchons-nous si ce n'est un peu de quiétude?

jeudi 1 octobre 2009

dauphins

Pour Manderley, ce moment de grâce, parce qu'elle a choisi le dauphin et a besoin d'un sourire, et parce que je m'appelle Delphine, qu'on me surnommait Flipper au Paraguay, que je n'ai pas choisi mon prénom mais que je l'aime et que j'aime cet animal...



J'ai été inspirée par Myosotis à qui j'ai emprunté cet extrait.

Talents cachés


En passant sur un blog que j'apprécie et de là sur un autre, j'ai découvert de très belles aquarelles. Je n'en dirai pas plus pour le moment, car je souhaite m'y attarder quelque peu, ou du moins et avec l'accord de l'auteur (qui m'a déjà été donné :-) y faire quelques emprunts...

Je n'en dirai pas plus aujourd'hui car cela m'a mis face à une évidence: j'ai un mari qui a de nombreux talents cachés. Lui-même, architecte de métier, est trop humble pour les dévoiler, alors je voudrais lever un coin du voile ce soir... Il a peint de nombreux paysages pour ensuite s'intéresser aux animaux. J'ai repris son carnet de croquis, mais n'ai pas trouvé celles que j'aime particulièrement. Ce sera pour la prochaine fois. Mais celle-ci vaut quand même la peine non?