mercredi 3 mars 2010

Voyages

"Un rêve de voyage, c'est déjà un voyage" Marek Halter

le rêve est à l'homme ce que le ciel est à l'oiseau.
Le voyage projette l'homme dans une réalité autre, où il se révèle différemment.
Le voyage intérieur n'est pas un envol mais une plongée au coeur de l'être.
Le voyageur en ressort riche d'une connaissance qui donne des ailes.

Damien écrit dans son journal:"Je suis Damien tel que je veux être: aimable, souriant, tranquille, le coeur léger, l'âme apaisée, avec des envies simples. Je suis serein."
Cette phrase me laisse songeuse. Heureuse qu'il ait trouvé une telle sérénité mais perplexe aussi: que vient y faire la volonté ? Est-ce réellement à force de volonté qu'on atteint le sourire de l'apaisement ? L'intervention de la volonté est-elle au contraire le signal qu'il s'agit d'un état bien précaire?
Ne dirait-on pas plutôt que l'abandon et l'acceptation seraient les vecteurs essentiels de la sérénité? Sans tomber dans le fatalisme, il me semble que le chemin qui se dessine entre les efforts soutenus pour améliorer les choses et l'acceptation de sa propre réalité peut y conduire. Je m'y promène et je reviendrai vous raconter...

photo empruntée à Dam, sur mon chemin...

13 commentaires:

  1. Profonde réflexion...je me souviens de cette phrase de John Houston: "L'âge venu, j'ai compris la sagesse d'un vieux précepte irlandais : « Il faut vivre au bord de la mer.» La mer soulage les vieilles blessures et stimule l'esprit ; elle vivifie les passions de l'intelligence et de la chair, tout en amenant l'âme à trouver la sérénité."
    Je pense plus à un apaisement qu'à un abandon, mais je continue à réfléchir...
    Bonne soirée Delphine, à bientôt.

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  2. Peut-être que Damien a voulu dire ceci: la recherche de la sérénité découle d'un processus. Celui-ci est parsemé d'embûches et de traquenards, de choix et de renoncements. Mais à force de "volonté", on peut parvenir à une sorte de sérénité, un moment béni où on se sent "at home" dans son corps et son esprit. Rien ne tombe du ciel, tout vient de la terre.

    ...(Hum.

    Par ailleurs, j'aime beaucoup la citation de M.Halter. Elle me convient bien, en ce moment.

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  3. l'abandon aide à moins souffrir mais delà à offrir la sérénité...
    Bises chère Delphine.
    Math

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  4. Un ami m'a écrit, il y a des années, "laisse-toi aller comme une feuille dans le vent".

    Je n'y arrivais pas, trop jeune sans doute. Mais ça vient peu à peu. Non sans accrocs, mais sans effort non plus, et sans que je puisse l'expliquer autrement que par l'âge qui, peut-être, a changé les choses. Il apporte en tout cas un plus grand confort (moral) dans la vie.

    Tu nous donnes matière à réflexion, dis-donc!

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  5. Je suis partagée entre ta réflexion et la sienne. Je crois qu'il ne peut y avoir d'abandon et d'acceptation sans volonté, mais tu pointes bien le doigt sur l'état précaire que cela peut impliquer selon moi aussi !
    La citation de M. Halter est bien belle (et la photo de Dam !), je la ferai bien mienne !

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  6. @Colo: en ce qui concerne la mer, je suis entièrement d'accord avec toi. J'ai d'ailleurs écrit un billet à ce propos, dans le courant du mois de novembre. La mer, c'est ma sève, c'est mon immensité, mais tu le décris beaucoup plus joliment. Abandon quand on laisse une ouverture au ciel, tu ne penses pas?
    @Damien: si tu penses que Damien le pense, je pense que tu as raison, cher Damien. J'aime beaucoup sa dernière phrase très expressive où il est dit que tout vient de la terre, mais personnellement si je le rejoins de manière générale, je suis persuadée que de temps à autre, un cadeau nous tombe du ciel, parce que le ciel, j'y crois. Alors, oui, nous devons nous battre au quotidien, tout en nous appuyant sur cette dimension universelle qui nous échappe et qui nous empêche d'avoir une vue d'ensemble et de tout maîtriser. C'est là que je trébuche: la sérénité, je la trouve dans la connaissance de mes limites, même si j'essaie d'en repousser les frontières, dans la conviction que ce qui m'arrive et dont je ne suis pas responsable, conduira à un mieux, parce que sinon, et bien, je pense que je deviendrais dingue, car notre monde n'aurait plus de logique. C'est la logique de l'illogique si tu veux, la logique de quelqu'un qui croit qu'il existe bel et bien une dimension universelle, intemporelle, où l'infiniment grand et l'infiniment petit se rejoignent.
    Math: je suis persuadée que tout à un sens et que les souffrances que nous connaissons nous rendent meilleurs. Mais tu sais de quoi tu parles cher Math.
    @Edmée: heureuse que tu connaisses cette sensation; quand on avance en âge, soit on se contracte soit on s'abandonne... Ce sont mes lectures qui sont causes de ces réflexions, je n'y suis pour presque rien...
    @ms: oui, cette citation est extraordinaire comme la personne. Et Dam un artiste qui ne cesse de m'inspirer.

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  7. hum Edmée, quand je parle d'âge, je ne fais pas allusion à "grand âge" bien entendu, mais à chaque jour qui petit à petit grignote notre jeunesse physique, comme je le vis au quotidien...

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  8. Difficile de trouver les mots qui disent l'harmonie intérieure - volonté, abandon, détachement, plongée, envol, paix ? Elle n'est jamais acquise une fois pour toutes, c'est pourquoi peut-être on écrit "je veux être".
    (Pour répondre à ta question, Delphine : un ou deux livres par semaine.)

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  9. "Le voyage intérieur n'est pas un envol mais une plongée au coeur de l'être."

    mais l'être est si vaste et accueillant quand il le VEUT que oui ce voyage peut être un envol...

    Je suis d'accord avec Damien, le cheminement est affaire de volonté et de discipline. Et je sais de quoi je parle. Le lâcher-prise, l'abandon viennnet plus tard. C'est que tu es en avance sur moi ;-)

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  10. Ce qui ressort de la richesse de ce débat,que j'ai lu avec attention, c'est que chacun en est à un point précis de son chemin.Et que personne n'en est au même point, parce que la sérénité, la volonté, l'abandon, le lâcher prise, ne sont que les avatars de la quête de soi.Et qu'on le veuille ou non, celle-ci est liée à l'expérience, et donc à l'âge. Le "connais-toi toi-même" peut s'exprimer, s'enrichir par les voyages, la lecture, le cheminement intérieur, la contemplation de la mer ou de la montagne, mais il passe de toutes façons par un renoncement , une acceptation qui ne sauraient à mon sens se concevoir sans volonté. Etre acteur de sa vie pour ne pas la subir, et donner du sens à l'insensé, de la logique à l'illogique.
    Heureuse d'avoir apporté un caillou à la réflexion de ce salon philosophique ouvert avec talent par Delphine. Bravo d'élever ainsi l'âme de tes lecteurs.
    celestine

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  11. @Tania: sans doute, oui, nous sommes si souvent bousculés qu'elle ne sera jamais définitive, c'est pourquoi l'un ne va pas sans l'autre. Quel rythme de lecture!
    @Bérangère: Je ne sais pas si j'ai une longueur d'avance, mais je constate qu'en ce qui me concerne, ça me convient d'avancer de cette manière.
    @Célestine: tu as raison, c'est la quête de soi qui est l'essentiel de ce questionnement, je te rejoins dans ce que tu écris, merci mille fois de partager ta réflexion avec nous.

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  12. J'aime assez la réflexion qui consiste à dire que nous en sommes tous à des moments différents de nos parcours.
    Je ne pense pas que la volonté soit de mise, avec la quête de soi....Car on ne peut commander sa pensée. Celle ci va où bon nous portent nos lectures, nos rencontres, nos expériences. On peut juste choisir de vivre ces dernières, de lire ce qu'on désire, d'écouter ce que l'on veut, ou qui l'on veut, puis la synthèse se fait, petit à petit. et alors, on parcours notre chemin intérieur. Quand à l'expérience, je crois que là aussi, elle peut être différentes. Je soupçonne certains "jeunots" d'avoir 20 fois plus d'expérience que certains vieillards, trop pantouflards pour se frotter à des expériences un peu spéciales.

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  13. Salpi, mais la volonté nous forge aussi et fait de nous ce que nous sommes (en partie). vaste débat où nous avons tous raison finalement mais j'aime ta réflexion si joliment illustrée. et je trouve très juste ce "on peut juste choisir de vivre ces dernières" que j'essaie en vain d'expliquer et que tu résumes tellement mieux que moi. La vie et les coups nous donnent une sagesse que nous pourrions mettre mille ans à acquérir. Une de mes collègues -que j'ai déjà évoquée- me rappelerait aujourd'hui même que la maladie était une richesse énorme -sa fille a une maladie qui l'handicape et de plus est anorexique, elle élève seule ses enfants... Et elle est rayonnante de bonté. Merci pour ton passage qui me fait toujours plaisir.

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