mardi 14 décembre 2010

corps et âme



"à corps perdu", "corps et âme", "à son corps défendant", "à bras-le-corps", "esprit de corps", "corps de garde", etc etc Il y en a des expressions faisant allusion à notre corps! Et toujours cette notion d'entièreté que l'on retrouve dans chacune de ces expressions. Sans doute parce que l'ensemble des membres forment un seul corps. Celui-ci agit, se défend, protège avec ardeur... Cependant, cependant, dans la deuxième expression on retrouve le mot "âme". "Corps et âme", qui reprend la notion de personne dans son entièreté, toujours l'entièreté mais cette fois-ci de la personne.
Ces expressions trottaient en moi ces jours-ci, alors que mon corps se faisait pesant. "A quarante ans commencent les misères", disait ma soeur aînée ce week-end, alors que nous évoquions nos maux de dents.
Jusqu'à présent, il m'a toujours obéi ce corps, à tel point que je ne me souviens pas toujours de lui. Bien sûr, une bouche sèche ou un estomac qui gargouille sont les signaux clairs de ses besoins, mais hormis ces quelques appels "du pied" ou de l'estomac, il fonctionne et je l'oublie. Je fais exception de cette période de ma vie qui fut peuplée de migraines, des migraines manifestement générées par le stress d'une situation trop lourde pour mes trop fragiles épaules, qui me valut des maux de dos, des amnésies et des migraines chroniques. Un beau jour ils disparurent. J'étais tout étonnée de ne plus sentir ce corps qui s'était tellement rappelé à moi.
Aujourd'hui, c'est un peu le même processus, récurrent année après année mais que j'oublie au fil du temps qui passe... Je subis l'état de Chenapan à quelques jours d'intervalle: la grippe a cédé à la gastro qui elle-même trépasse au profit de la bronchite... Enfin bref, je crois que mon corps veut me dire quelque chose. C'est pas cool. Je suis retournée au bureau jeudi dernier, parce que je n'avais plus de fièvre et que franchement, j'aurais eu mauvaise conscience à rester chez moi. Sauf que, sauf que mes vertèbres continuent à se clouer dans le matelas à peine mon corps se déplie-t-il pour s'allonger, sauf que ma toux ne s'arrête pas de la nuit, sauf que la fièvre remonte...
Ca peut être bien casse-pied, un corps, quand il crie "Vergeet me niet" (don't forget me, ne m'oublie pas). En même temps, cela me rappelle la chance que j'ai de ne penser à lui que temporairement, alors que nombreux sont ceux à qui leur corps leur rappelle -comme mes migraines d'alors- qu'il existe au quotidien.
Heureusement, nous sommes un tout, un corps et une âme, qui s'entraînent l'un l'autre pour tenir bon. Je connais des personnes que j'estime héroïques dont le corps grince et résiste depuis des années et qui continuent à aller de l'avant, grâce à leur force d'âme. Je me rappelle cette amie parisienne qui est devenue paraplégique l'espace d'un soir, un soir où elle nous rejoignait pour un dîner de classe, où son pied s'est pris dans les portes du métro, je me rappelle son sourire, avant et après; je me rappelle Amaury couché dans la neige, il devait être dans le même état, mais la chance a joué en sa faveur. Je me rappelle ma soeur qui est restée allongée sans une plainte pendant plus de six mois sur une planche, cinq kilos tractant sa tête vers l'arrière (et deux trous dans le crâne bien sûr), je me rappelle cette collègue qui est née paralysée d'un pied et marche à force de kiné; on lui a découvert une tumeur dans l'oreille interne et elle est plus souriante que nombre d'entre nous.... Je me souviens de cet ami qui a la sclérose et a besoin de son corps pour gagner sa vie et se sentir exister tout simplement. Chaque fois que je le vois, je le retrouve grandi.
Alors, face au mystère de la souffrance du corps, si difficile à comprendre parfois, j'ai envie de vous offrir un moment de ce qui fut pour moi un pur bonheur. Un bonheur de l'âme. Ce qui la nourrit. Le propriétaire de la librairie est un plaisir de générosité, d'écoute, de partage... Profitez-en et surtout allez la découvrir!

Bon (grande frustration), comme je n'arrive pas à mettre un pps sur ce blog, je vous renvoie à un billet écrit précédemment et vous encourage à regarder le pps jusqu'au bout s'il vous est envoyé (peut-être en pensant un petit peu à moi qui ai été bouleversée entre ses murs...).
Il s'agit bien entendu de la librairie Lello, la plus belle du monde!

photo empruntée à notre talentueux Piet, avec mon admiration.

18 commentaires:

  1. Je n'avais jamais entendu parler de cette librairie, merci ! Elle semble vraiment magnifique. Ecoute ton corps qui te parle, et surtout entends le, il semble avoir besoin de VRAI repos pendant quelques jours :)) Je suis comme toi admirative de ces personnes qui donnent des leçons de vie surtout en ce moment où je suis entourée de personnes se lamentant un peu trop sur leur sort qui ferait pourtant palir bon nombre ....
    MS

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  2. Sans doute ton corps tente-t-il de te "dire" quelque chose, chère Delphine...
    Oui tu as raison, certains souffrent dans leur corps et restent souriants dans leur âme profonde. Comment font-ils? Ils ont une leçon de Vie à nous transmettre...

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  3. Somatisation sans doute, non ? Il faut lâcher prise (ça c'est mon médecin qui me le dit à chaque consultation), sinon le corps se révolte et "casse" (c'est une image).
    Ce n'est pas à toi que j'apprendrai que pour aider les autres dans les épreuves, il faut savoir se ménager soi-même pour rester fort et en forme.
    Repose-toi, et prends soin de toi !
    Sinon ton corps se vengera tôt ou tard.

    Bises, Manderley

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  4. « Heureusement, nous sommes un tout, un corps et une âme, qui s'entraînent l'un l'autre pour tenir bon.

    Cette phrase est non seulement magnifique mais elle exprime une réalité que je constate régulièrement.

    Accent Grave

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  5. Je t'ai envoyé par mail le code de ton diaporama (petit cadeau de Noël avant l'heure), pour que tu puisses le publier sur ton billet. Cette librairie est vraiment magnifique. Je te dirai aussi que mon livre de médecine préféré est "Dis moi où tu as mal, je te dirai pourquoi" de Michel Odoul aux Editions Albin Michel.Notre corps est indissociable de notre esprit, et un grand nombre de maladies sont des signes de notre corps qui nous dit quelque chose. Le tien te dit effectivement: stop, respire, expectore tous les miasmes, et arrête de te prendre la tête.
    Je t'embrasse affectueusement
    Célestine

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  6. Quand j'ai eu mon problème de dos, en Australie, j'ai rencontré deux personnes qui restent gravées dans ma mémoire. Un ejeune fille de 13 ans, paralysée à 90% qui rêvait de voir le jet d'eau de Genève, et une autre dame qui a eu les jambes sectionnés par un tram à Melbourne le jour de son mariage...Nous avons sympathisé, pendant que l'on gaugeait dans l'eau chaude de la piscine. J'ai aussi relativisé sur ma carcasse. Depuis, je vis avec la conscience de mon corps.
    C'est sûr: toi, tu es fatiguée, ouverte aux virus. Peut-être dois-tu restructurer ta vie?

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  7. La vieillesse, ouf, il faut ne jamais oublier le corps, c'est comme oublier l'ensemble de notre être. Et c'est drôle, à mon avis, bien sûr il faut écouter son corps, mais le corps écoute l'âme et le rapport entre l'âme et son environnement. Il absorbe le stress, les pressions, la joie aussi. Il nous en parle aussi. Malheureusement il devient moins souple, moins capable d'absorber les chocs, mais l'âme peut si on lâche l'inutile et tient à l'essentiel. Prends soins de toi-même.

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  8. C'est souvent en parlant de nos maux passagers que nous découvrons qu'il y a tant et tant de gens qui vivent avec des douleurs permanentes, chroniques...et on ne l'ignorait!
    Sinon je suis tout à fait d'accord avec Go...prends grand soin de toi guapa.

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  9. Comme dit Ren, il faut écouter le corps qui, lui, écoute l'âme.

    Nous avons tenu une imprimerie, mon mari et moi ici. Je détestais. Le boulot, le manque à gagner, l'esclavage que ça représentait et finalement, les clients qui ne payaient pas, qui avaient des eixigences démesurées et pas de respect. Chaque semaine, j'allais chez le chiro, crac-crac-crac. J'en repartais avec une démarche de Sylphide, et y revenais en me traînant la semaine suivante.

    Le jour où nous avons signé le contrat de vente de cet enfer d'imprimerie, j'avais rendez-vous chez le chiro, à qui je n'avais rien dit. "Mais que vous est-il arrivé? Vous n'êtes pas la même personne! Il n'y a rien à craquer!"

    Je n'ai plus jamais eu mal au dos....

    Tu dois certainement changer quelque chose, et c'est quelque chose que tu peux changer, sans quoi tu ne recevrais pas de message te le demandant (le subconscient, c'est un malin, tu sais!)

    Bisous et ... écoute!

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  10. A tous: merci pour vos gentilles paroles, vraiment. J'essaie de lever le pied, je dors beaucoup pour le moment, mais c'est pas encore ça. Pour vous dire, si j'ouvre un livre, je le feuillette et le referme rapidement, je regarde même la télé ... Lundi, boulot, les salaires et le reste dont certaines choses qui deviennent urgentes n'attendent pas et malheureusement, même si je ne suis pas irremplaçable, personne n'a réellement été formé à me remplacer, donc, j'y vais. Comme j'ai pris congé entre Noël et Nouvel An, j'aurai encore l'occasion de prendre le temps et de profiter de mes proches.
    Vous avez vu, j'ai enlevé la neige, besoin de chaleur et d'un peu d'ouverture...
    ms: j'espère que tes proches vont mieux et relativisent...
    Coumarine: encore faut-il être attentif et ouvert à cette leçon de vie...
    Man: pour le moment, il s'est toujours redressé, mais je sais, faut pas rigoler...
    Accent: merci c'était du vécu! Vous voyez, chez moi il y a la fenêtre de l'espoir...
    Cel, merci pour ton cadeau. J'ai essayé à plusieurs reprises de publier un billet présentant la librairie mais mon blog refuse définitivement le code HTML... A propos, comment fais-tu pour extraire le code d'un diaporama?
    Quelqu'un sait-il comment modifier le nombre de pixels et la taille d'une photo (je pense entre autre à l'arrière plan de ce blog; mes photos sont trop lourdes ou les dimensions ne correspondent pas...)
    Damien, j'ai été très impressionnée par les deux personnes que tu as rencontrées en Australie: le jour de son mariage, p***n (franchement, y a pas d'autre mot). ton dos va bien maintenant?
    Ren: j'essaie d'écouter le rapport entre les deux, de ne pas oublier que je suis un être à part entière...
    Colo: merci pour tes douces paroles.
    Edmée: heureuse que tu ne travailles plus dans ton imprimerie et que tu publies! J'attends le n° 2 avec impatience, comme ton retour chez nous.
    Bisous à tous.
    Encore merci et à très bientôt!

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  11. Bon dimanche sous la neige, bon rétablissement et bon courage pour la reprise du boulot demain.

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  12. Tu en as trop vu ! tu as du trop en supporter ! et maintenant ton âme épuisée, se repose sur ton corps et c'est lui qui est malade à son tour ! C'est un cercle vicieux, l'âme qui souffre fait souffrir le corps et le corps qui souffre perturbe l'âme !
    Je suis souvent honteuse de me plaindre lorsque je vois certaines souffrances ! Mais lorsque j'en parle au médecin il me dit que je souffre vraiment beaucoup et que je dois me protéger pour tenir le coup ! C'est peut-être ton cas, tu as peut-être besoin de penser un peu plus à toi ! Mais dans ta situation, ce doit être impossible ! Courage Delphine ! Je t'envoie mes meilleurs bisous en espérant qu'ils te fassent du bien !!!
    Florence

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  13. Coucou Delphine, j' ai toujours plaisir à retrouver tes mots toujours si imagés et poétiques. Par contre pour ce qui est de tes maux, je te souhaite beaucoup de repos et de prendre bien soin de toi. Heureuse que cette librairie t' ai donné le sourire au coeur. J' admire aussi beaucoup les guerriers du corps qui se battent à leur côté, et souffre en silence, je dit la classe et chapeau bas!!!! Merci encore pour tes petits message sur la miss Padsouci qui me font toujours super plaisir et ton anecdote sur Saint Nicolas qui m' a appris qq chose aujourd' hui. Bonne soirée et a bientôt!!!

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  14. Profite du peu de bavardage de ton corps, le mien me parle beaucoup, fibromyalgie et migraines le rendent très bavard, malheureusement.
    Bonne nuit

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  15. un cygne comme choix de photo...c'est un signe. Ne mange pas trop alors durant ces fêtes pour éviter la crise de foie.

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  16. PB: merci, le retour s'est fait sur des chapeaux de roue bien sûr mais au moins ça occupe les journées! Et toi ça va la fin de l'année? J'imagine que tu as du pain sur la planche...

    Florence: merci pour ton doux message. Il y a sans doute de ça, en effet. Mais je pense que mes bobos ne sont rien en comparaison de tes souffrances. prends soin de toi surtout. Bisous.

    Blandine: C'est gentil ce que tu me dis là. Tu connais la librairie? Pour la Miss, c'est un réel plaisir que d'aller suivre ses aventures, elles collent tellement à notre quotidien; par contre j'ai un souci (eh oui) les dernières fois que je suis allé la visiter, j'ai eu vint mille fenêtre de ton blog qui se sont ouvertes... Je crois que Miss Padsouci doit être porteuse d'un sacré virus et bien contagieuse. Je ne passerai plus pendant quelques jours en attendant qu'elle guérisse, d'accord?

    Paquerette: merci pour ta gentille visite. Migraines et fibromyalgie, c'est bien douloureux tout ça, pauvre paquerette. J'espère que tu arives à organiser ta vie autour de ces souffrances et pense bien à toi.

    Dam: merci pour ta visite. Comment définirais-tu la symbolique du cygne? Ne t'en fais pas pour mon foie, je sais me modérer :-)

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  17. grâce , beauté, souplesse et liberté du cygne...pas facile de conserver tout cela pauvres humains que nous sommes...et oui, c'est moi dissimulé dans le petit cadre.

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  18. dam: tout ça? Oufti, c'est ambitieux en effet. Après ton passage, j'ai un peu cherché de mon côté et ai trouvé amour, pureté, fidélité en plus de la grâce et de la beauté... La liberté, la vraie? Pas facile, mais une belle quête non?
    Ravie d'en savoir un peu davantage...

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