Un peu de tout, de rien, quelques coups de coeur, des lectures, des tableaux, des chansons, des amis, des réflexions, pas mal de questions, toutes ces correspondances...encore et encore.
lundi 26 juillet 2010
Souffrance - "Une canne à pêche pour mon grand-père" de Gao Xingjian
« L’eau de la rivière était limpide. J’ai pris à la main les chaussures à talon de Fangfang et mes sandales de cuir. Je lui donnais l’autre main. Elle tenait sa jupe relevée. Nous avancions à tâtons, pieds nus dans l’eau. Cela faisait longtemps que je n’avais pas marché ainsi. Même les pierres glissantes de la rivière me piquaient les pieds.
-Tu as mal ? demandai-je à Fangfang.
-J’aime ça, as-tu répondu à voix basse. Au cours de notre lune de miel, même avoir mal aux pieds était une sensation de bonheur. Et tous les malheurs du monde semblaient filer entre nos orteils. »
Gao Xingjian, « Une canne à pêche pour mon grand-père », éd. De l’Aube, 1997, p. 15-16.
"Même avoir mal aux pieds était une sensation de bonheur"...
Combien de fois ne nous sommes-nous pas interrogés sur le pourquoi de la souffrance?
Gao Xingjian nous souffle la réponse, si simple, si élémentaire, si facile et si difficile qu'elle nous échappe souvent:
quand on aime, la souffrance prend tout son sens.
Photo empruntée à Voirouregarder, Laos, avec mon admiration et ma reconnaissance.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Je vais te dire, Delphine: en lisant cet extrait et puis ta conclusion, je ne sais pas ce que mon subconscient est allé rechercher et reconnaître, mais je peux te dire qu'il a atteint son but. J'ai eu les larmes aux yeux.
RépondreSupprimerJe ne sais toujours pas pourquoi.
Mon esprit sait et se souvient, lui!
Merci Delphine, je ne crois pas que la souffrance en soi ait un sens, mais je n'ai pas à chercher très loin pour savoir que ta conclusion, soufflée par Gao, est vraie et superbe.
RépondreSupprimerUn beso lleno de sol.
Chère Edmée, sans doute la musique des mots de Gao sont-ils la cause de tes larmes. Ton esprit sait ou ton âme?
RépondreSupprimercolo, merci pour ton passage. En soi, je ne crois pas non plus qu'elle ait un sens. Car la souffrance est absence. Absence de bien-être, d'amour et tant d'autres manques. Mais ces manques nous transforment, ils nous font évoluer et peuvent nous appauvrir ou nous enrichir, s'il y a l'amour. On ne la choisit pas malheureusement, elle vient à nous sans qu'on la recherche. Merci pour le soleil qui a tendance à s'éclipser chez nous.
Gao est profond comme la limpidité de l'eau.
RépondreSupprimerMerci Delphine.
Il y a de l'art dans ta façon de jongler avec les mots!
Amaury
Vivre, quelle souffrance, et quelle souffrance sans partage. Partager, c'est aimer, aimer serait donc souffrir? Hum...Bonnes vacances encore, tout de même.
RépondreSupprimerCher Damien, j'ai tourné et retourné tes paroles dans tous les sens. La vie peut être une souffrance, mais que le fait de vivre soit une souffrance, c'est très fort, ce que tu dis là! Je dirais plutôt: vivre, c'est aimer, aimer c'est souffrir, vivre c'est donc souffrir. Mais je ne sais pas si je te rejoins? Merci pour ton souhait, je recommence à travailler dès lundi...
RépondreSupprimerAmaury, merci pour le compliment :-)
RépondreSupprimerDelphine, Damien, je crois qu'ici il faut prendre le "aimer" dans son sens large; aimer l'autre, non pas un(e)autre. Ce dernier tient (au début) de la passion qui elle....est une autre affaire!
RépondreSupprimerCe "large" aimer donc rend certainement plus légères les souffrances de la vie; compagnon, famille, enfants, amis...C'est du moins ce que j'avais compris et pense.
Bonne fin de vacances alors Delphine.
Colo, aimer au sens large (donner -et recevoir) apporte beaucoup de douceur et de satisfaction, mais il y a malgré tout la souffrance de la séparation et du manque, je crois. Merci de nous faire part de ton point de vue toujours subtil.
RépondreSupprimerLes Asiatiques ont une sagesse que nous n'avons plus, une façon de faire simple ce qui est compliqué, alors que chez nous nous compliquons ce qui est simple. Un joli article qui va droit au but. Merci.
RépondreSupprimerARMELLE
Armelle: merci pour votre passage qui remet les choses à leur place. En relisant le billet et les commentaires, j'ai constaté que citer un extrait hors contexte n'est pas toujours simple pour les lecteurs. Fangfang et le narrateur sont en "voyage" de noce. Il s'aiment avec beaucoup de respect et de tendresse, dans une attention à l'autre et un émerveillement simple. L'amour transforme leur regard et leur sensibilité, si bien que tout prend un sens, le sens de l'amour. C'est tout l'extraordinaire de l'ordinaire!
RépondreSupprimerUn bon souvenir de lecture et une superbe photo !
RépondreSupprimerLa souffrance est un chemin - heureux celui qui n'a pas à le parcourir tout seul.