dimanche 3 octobre 2010

Histoires de style



A tous ceux et celles qui écrivent des romans... et à tous les autres aussi.

"Plus les rapports de deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l'image sera forte -plus elle aura de puissance émotive dans la réalité poétique" Pierre Reverdy

Conversation sur le style des nouveaux romans publiés. Il semble que le style "plat", court, direct, proche du langage parlé, rapide comme le rythme de notre vie haletante et les courriels et textos qui la parsèment soit très prisé par les éditeurs d'aujourd'hui. Il semble qu'un nombre croissant d'auteurs très jeunes soit publiés, offrant une écriture fraîche et surtout un vécu croustillant, émouvant, révoltant. Exit Proust, bonjour le "slam romanesque" (pas sûre que l'expression existe)!
Oui mais, parmi les auteurs cités, il y en a qui ont un style simple où foisonnent des images (ou métaphores peu importe) d'une puissance émotive ou suggestive telle qu'elles ébranlent le lecteur et le rendent acteur à part entière d'un pan du roman. Le voilà riant, pleurant ou implorant avec les personnages de papier, ceux qui se tenaient jusque là à distance raisonnable et se cantonnaient aux caractères imprimés avec plus ou moins de bonheur sur le papier bible, papier broché ou papier recyclé. Oui mais, ces phrases simples se déroulent suivant un rythme inconnu jusqu'alors et engagent le lecteur à rejoindre la danse des sons s'alignant les uns après les autres, chenille qui recrée des réalités vécues avec une énergie renouvelée.

Je disais qu'un livre était publié pour survivre aux générations. Je suis persuadée que la mode passe, le style demeure. D'ailleurs, c'est tellement vrai que je ne l'ai pas inventé... Egalement persuadée que les styles courts, longs ou moyens, tant qu'ils provoquent des émotions, seront tôt ou tard reconnus par l'éditeur qui les méritera.

Et oui... me revoilà! Célestine m'a convaincue de ne pas laisser le mot "rien" à côté de mon prénom. Merci pour tous vos commentaires plus gentils les uns que les autres. Je me fais sans doute moins présente, mais je suis bien là.

Photo empruntée à "Voirouregarder".

17 commentaires:

  1. Ha bin te revoilà ! :-)))
    Contente de te relire ! sur un billet super interessant en plus !
    à n'en pas douter, tu provoques des émotions !

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  2. Trop drôle.
    Enfin bon, moi je n'en suis pas encore là :-)
    Je corrige, corrige, et corrige (en me préparant à la masse de lettres de refus qui vont affluer :-)
    Après pour le style, je me dis que ce qui importe en fin de compte, c'est d'écrire avec son sang.

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  3. Kabo: ben oui! Que te dire... je fais mes adieux ou presque et puis, coup de théâtre non prémédité, me revoilà... Je sais, ça ne fait pas très sérieux mais c'est la vie, enfin ma vie qui veut ça...

    Savina: Qui te dit que tu n'en es pas encore là?? Tu as en partie raison, le sang... et la grâce, celle de l'artiste!

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  4. Non la mode n'est plus d'écrire comme Proust, Maupassant (par ex)
    Oui la mode est à l'écriture brève, courte, rapide
    Mais est-ce une mode? je ne sais pas... les uns sont influencés par les autres...
    Les écritures vraiment "plates" ne subsisteront pas... d'ailleurs on ne sait pourquoi certains auteurs sont publiés.. phénomène de mode ou de fric
    Mais te revoilà! cela seul compte, contente de te revoir!

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  5. Merci pour ce message que j'ai pris comme un clin d'oeil à mon encontre. Doublement, d'ailleurs, puisque tu me cites, et que tu sais que mon roman ronronne doucement comme un chat au fond de son panier en attendant qu'un éditeur lui fasse sortir ses griffes. Hélas, plus je le relis, et plus je me dis que je me suis plantée et qu'il ne vaut pas tripette...Je suis horriblement critique à mon égard,mode ou pas, je trouve toujours les autres tellement meilleurs que moi!
    Mais assez parlé de ma petite personne,je suis si heureuse que tu sois de retour, chère Delphine. Merci pour ton billet plein de pistes et de conseils pour les apprentis écrivains.
    Je t'embrasse affectueusement
    Célestine

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  6. Le style, "petite musique" difficile à définir, qui m'importe si fort que je le lâche les livres où je ne l'entends pas. Musiques du monde, d'hier, d'aujourd'hui...

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  7. Oh, je n'ai pas le temps pour même lire des livres dont le style, la morale, la vision, la justesse sont tellement entrelacés qu'il est impossible de démêler l'un de l'autre. Et voilà si on n'a pas de temps pour lire de bons livres, il va de soi qu'on va promouvoir un écriture plate pour un public qui n'a pas de temps.

    Il y a quelques an, j'étais membre d'un groupe de lecture qui proposait des livres contemporaines français. J'étais le seul homme du groupe... Quand nous avons discuté un livre de Nancy Huston, j'ai essayé de dire que la narration était trop plate et plutôt méchante et que le scenario semblait impossible et exagéré pour justifier sa haine contre les personnages hommes et contre la France. L'animatrice a avoué que les personnages étaient décrits comme dans une bande-dessiné, mais imagine-toi la réaction de 17 femmes qui adoraient le livre et ne pouvaient pas tolérer la moindre critique. J'ai vite quitté le groupe. Le problème avec la littérature d'aujourd'hui, c'est qu'on ne peut en parler. On l'accepte ou on ne l'accepte pas. Où est le centre dans cette littérature ?

    Merci pour ton billet.

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  8. Si vous ne savez quels livres choisir en cette rentrée, je me permets de vous conseiller un auteur de belle plume : Sylvain Tesson, digne fils de son père, qui nous parle de ses voyages de façon flamboyante. Et si, décidément, vous préférez la langue classique au style texto, plongez-vous dans le dernier ouvrage de Jean d'Ormesson. On y apprend beaucoup de choses, c'est intelligent, plein de fantaisie et d'humour. Voilà des livres qui ne risquent pas de vous faire perdre votre temps.

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  9. Chère Delphine,
    Comme moi aussi j’étais absente de la blogosphère pour problèmes de santé, que j’avais juste publié quelques articles déjà préparés, je ne savais pas que tu étais sur le point de nous quitter ! Mais heureusement pour nous, tu as fait comme les grandes divas, et tu es revenue !
    Nous connaissons tous un jour ou l’autre le problème de la page blanche ! C’est normal, de l’esprit le plus alerte, il ne peut en permanence, jaillir quelque chose de bien ! Nous ne sommes pas des machines ! Il est préférable, à mon avis, de faire une pose, que de vouloir à tout prix mettre quelque chose sur notre blog : une petite image qui bouge et qui scintille par exemple !
    Ma visite se termine car mon corps me le demande !
    Je t’envoie de gros bisous et te dis à bientôt !
    Passes une bonne semaine Delphine !
    Florence

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  10. D'accord avec toi et heureuse de te relire (merci Célestine pour ta participation). Pour moi, peu importe le style, seule l'émotion ressentie compte ... bon, d'un autre coté, il faut qu'il y ait quand même des phrases construites ;))

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  11. ... je viens de re-lire un extrait de Boris Vian, et j'ai l'impression que le style nouveau existait déjà pour les visonnaires en écriture...

    (…)
    — Ce nénuphar, dit Colin. Où a-t-elle pu attraper ça ?
    — Elle a un nénuphar ? demanda Nicolas incrédule.
    — Dans le poumon droit, dit Colin. Le professeur croyait au début que c’était seulement quelque chose d’animal. Mais c’est ça. On l’a vu sur l’écran. Il est déjà assez grand, mais, enfin, on doit pouvoir en venir à bout.
    — Mais oui, dit Nicolas.
    — Vous ne pouvez pas savoir ce que c’est, sanglota Chloé, ça fait tellement mal quand il bouge !!!
    — Pleurez pas, dit Nicolas. Ça ne sert à rien et vous allez vous fatiguer.
    ...
    — Le docteur veut qu’elle aille à la montagne, dit Colin. Il prétend que le froid tuera cette saleté…
    — C’est sur la route qu’elle a attrapé ça, dit Nicolas. C’était plein d’un tas de dégoûtations du même genre.
    — Il dit aussi qu’il faut tout le temps mettre des fleurs autour d’elle, ajouta Colin, pour faire peur à l’autre…
    — Pourquoi ? demanda Nicolas.
    — Parce que si il fleurit, dit Colin, il y en aura d’autres. Mais, on ne le laissera pas fleurir…
    — Et c’est tout comme traitement ? demanda Nicolas.
    — Non, dit Colin.
    — Qu’est-ce qu’il y a d’autre ?
    Colin hésitait à répondre. Il sentait Chloé pleurer contre lui et il haïssait la torture qu’il allait devoir lui infliger.
    — Il ne faut pas qu’elle boive… dit-il.
    — Quoi ?… demanda Nicolas. Rien ?…
    — Non, dit Colin.
    — Pas rien du tout, tout de même !…
    — Deux cuillerées par jour… murmura Colin. (…)

    Bises,
    Manderley

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  12. Je te lis, relis, Delphine; je réfléchis puis lis les commentaires et t'envoie ceci qui sort d'une interview de Nancy Huston:
    (Chaque matin, avant de travailler à son manuscrit, Nancy Huston s'octroie une heure de musique. Piano, clavecin ou flûte, cela dépend de son humeur.)
    «L'écriture est un terrain miné, plein de sens et de peur. Alors, avant de m'y lancer, j'ai besoin de la beauté gratuite que vous procure la musique. Cette musique qui me calme et représente pour moi un modèle de ce que peut être l'art.»

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  13. Coumarine: merci pour ton gentil commentaire. J'ai commandé tes nouvelles qui tardent à arriver... Je crois que c'est une mode qui correspond à un mode de vie mais le style haché ne détermine par l'art ou le non-art.

    Cel: pour toi certainement et tous les autres. L'image du chat est tout à ton image (sourire) et ton écriture riche et originale. Si tu doutes, demande un avis critique extérieur, il ne peut qu'être constructif. Je croise les doigts et ai appuyé ta candidature chez CDL cette semaine (oh, bien modestement :-)

    Tania: style et musique, cette petite musique que vous savez si bien illustrer...

    Go: pas d'accord: un livre peut être populaire et d'une richesse incommensurable, mais parce que facile d'appréhension, boudé par les experts. et puis tu oublies Shakespeare dont tu nous as nourri au long de quelques billets... Je ne trancherai pas au sujet de Nancy Huston que cite également Colo, je préfère t'imaginer au milieu de 17 harpies et suis secouée de rire. Quel courage! Tu as tenu le coup combien de temps?
    Faut-il un centre en art?

    Armelle: merci pour vos recommandations dont je prends note. J'opterai pour Sylvain Tesson que je découvrirai grâce à vous.

    Florence: chère Florence, comment se passe la convalescence? Merci pour ton passage et ton commentaire pertinent. C'est vrai que je fais un peu diva: je m'en vais, me fais regretter et reviens aussi sec, mais voilà, ce n'était pas prémédité. Toutes mes excuses.

    ms: merci à Célestine, mais aussi à toi et les autres! En résumé, le style importe quand même sinon on n'accroche pas non?

    Man: j'ai soif

    Colo: Nancy Huston! J'aime ce que tu cites d'elle. Mais la musique peut aussi traduire la peur et la laideur bien qu'elle soit réputée comme l'expression artistique la plus pure. La définition de l'art... un blog n'y suffirait pas.

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  14. Oui, en fait, le style importe ;))

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  15. « Lire de bons livres empêche d'apprécier les mauvais ». Je ne sais plus qui a dit ça mais j'aime bien.

    J'ai tendance à lire ce qui fut écrit il y a un certain temps, le temps filtre ce qui ne vaut pas la peine d'être retenu, peu importe le style ou la mode. Laissons le temps travailler pour nous.

    Au sujet de vous chère Encore et encore... vous ne pouvez nous quitter ainsi, nous saurions vous retrouver. Vos mots nous sont indispensables, ils constituent un tremplin pour nos pensées.

    De sauts en sauts on se retrouve chez l'un et chez l'autre et aboutissons à une communauté tricottée serrée.

    Accent Grave

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  16. Je suis bien content et merci à Celestine!
    Bisous
    Math

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  17. Accent: C'est une Lapalissade que vous nous servez là, cher Accent. Mais je l'aime bien. Et quelle image, "une communauté tricotée serrée", je l'ai savourée et murmurée plusieurs fois, réjouie d'être une de ces petites mailles, encore une fois, parfois à l'endroit, souvent à l'envers et quelquefois lâchant prise et vite rattrapée par les mailles voisines...

    Math; donne-moi des nouvelles, veux-tu? Cela me ferait plaisir.

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