mercredi 20 octobre 2010

Sois toi-même


Alors qu'elle est dénigrée, bafouée, vilipendée par la presse et la société, Ingrid Betancourt a une révélation : ce n'est pas le regard d'autrui qui la façonne et elle n'est pas celle qu'ils voient. Ils ont sans doute en partie raison et en partie tort, mais là n'est pas la question. Détachée du regard de l'autre, elle peut se redécouvrir, dans son intégrité, telle qu'elle est pour et par elle-même. Cette découverte lui a permis de se redresser avec dignité et d'être elle-même envers et contre tout (tous).
Je n'ai approfondi ni sa vie ni son expérience, mais ses propos me laissent rêveuse. Ne sommes-nous pas tous amenés à adapter notre comportement, nos faits et gestes en fonction d'une éventuelle reconnaissance ou pour éviter un blâme, le ridicule ou la différence tout simplement? Quels dictats nous poussent à agir de telle ou telle manière, quels est le sens de chacun de nos gestes et de chacune de nos paroles? Qui suis-je et vous, qui êtes-vous réellement? Dépouillés de tous nos artifices, que reste-t-il de nous?

Matisse, "portrait de femme"

11 commentaires:

  1. Oui, et puis toujours cet éternel paradoxe: on veut être bon, on veut faire le bien, on se bat pour des idées que l'on croit juste. Pourtant, nous blessons les autres, nous faisons des erreurs, on s'aperçoit que les autres ne pensent pas du tout comme nous. C'est cette difficile recherche de l'harmonie et de l'équilibre qui nous rend si fragile et si touchant.

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  2. Je suis Rendu Braque. Plus sérieusement, Don Quichotte était aussi braque que raisonnable. Et je pense que Cervantès voulait nous montrer que cette transgression des diktats de notre société par l'obstination de suivre le modèle de la noblesse d'antan révèle le vrai caractère des individus et de notre société.

    Alors, qui suis-je ? Dépouillé de mes artifices, je suis braque. Je suis toujours en quête de ma vraie nature.

    Très amicalement et bonne journée !

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  3. Damien, oui nous faisons beaucoup d'erreurs très souvent involontaires ou dans un contexte bien précis et méconnu ou mal perçu des autres. Parfois, on se demande pourquoi se battre, mais ne se mépriserait-on pas de ne pas aller au bout de ce que l'on croit être bien, même si cette notion est revue et corrigée de temps à autre! Harmonie et équilibre... quête de toute une vie...

    Ren: T'ai-je dit que notre chien est un braque? Un braque d'Auvergne, superbe, tout en muscle et bourrée d'affection, braquée comme seule elle peut le faire (et toi peut-être?) J'aimerais te croire, ce serait un moindre mal d'avoir un monde peuplé de Quichottes de bonne volonté, rappelés à l'ordre par le bon sens des Sanchos Panza, mais construit-on une société avec des Quichottes? L'harmonie dont parle Damien n'est-elle pas l'union entre idéalisme et réalisme?
    Qui es-tu? tu nous en raconteras un peu plus un autre jour, n'est-ce pas?

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  4. connais toi toi-même...difficile mais pas impossible. Qui est cette inconnue qui me regarde dans le miroir?C'est bizarre de se dire que "je est un autre" et qu'on cohabite avec une étrangère, quelqu'un qu'il faut apprivoiser, peu à peu...Oui, qui sait vraiment qui on est?

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  5. Ce sont des questions vastes comme le temps que tu poses là Delphine...
    Qui suis-je en réalité, une fois dépouillée mes déguisements divers.
    mais la nudité n'est-elle pas dangereuse, réservée seulement à ceux qui nous aiment de très près?
    J'ai un autre "visage" selon les endroits et les gens que je rencontre. Est-ce à dire que je ne suis jamais moi-même?
    Ou au contraire toujours moi-même mais avec des facettes différentes, par simple nécessité?

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  6. Tout à fait d'accord avec Coumarine, nous sommes multiples et montrons la facette qui convient ou que nous choisissons.
    Raison pour laquelle on met parfois une vie entière à connaître quelqu'un, à nous connaître nous-mêmes: c'est passionnant.

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  7. On dit de Cervantès qu'il était un nouveau chrétien, c'est-à-dire un juif forcé à une conversion au christianisme. D'énormes pressions pèsent sur nous. Où trouver cette harmonie quand il semble que nos jambes à notre insu ne supportent plus ce fardeau ? Comme dans Don Quichotte il y avait parfois de violents conflits sur des questions de littérature, de goût, de société, de beauté... comment compléter cette idée... n'y a-t-il pas une violence qui surgit dans nos rapports quand les visions de notre unique monde se heurtent ?

    Mon idéalisme serait de faire vivre un instant dans la peau de Don Quichotte, de faire voir avec ses yeux, et ensuite demander qu'est-ce qu'on fait maintenant ? C'est ce qui foisonne en moi, comme Don Quichotte, j'ai heurté contre des obstacles dans ma vie, il faut recommencer, mais autrement, et parfois à rebrousse-poil, les murs ! ouf ! ils sont durs ! ce n'est pas mon masque, quoi que je sache...

    Tu m'as demandé d'autres questions sur mon métier, je vais vendre la mèche tôt ou tard, en fait, j'essaie de le dire dans un prochain billet, mais ces jours-là, les mots ne me viennent plus.

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  8. Cel: Comment te définirais-tu? toi et ton autre?

    Coumarine: je rejoins ta dernière phrase sauf si nous sommes des manipulatrices, ce que je ne pense pas. Le regard n'est-il pas une constante, qu'on s'embrasse, qu'on se serre la main ou qu'on nous fasse le baise-main? Qu'on soit en talons-aiguilles ou en baskets? Qu'on se montre rêveuse, loquace et amusante ou discrète et efficace en fonction des circonstances? Je suis tout ça, il n'empêche que je ne me sens pas du tout caméléon. Et pour ce qu'il en est du danger, j'ai envie de te renvoyer à l'entrevue de Charles Juliet chez Savina (vingt mille lieux sous les livres) "Ecrire, c’est se livrer. Si l’on ne donne pas un peu de ce qu’on est, on n’a rien à offrir à autrui. J’écris ce qui me vient, en veillant à être d’une absolue sincérité. Je ne me soucie aucunement de savoir ce qu’on pensera de moi, comment sera accueilli ce que je publie."

    Colo: multiples et un, référence et surprises, non?

    Go, sans doute et c'est malheureux. je cite encore Juliet car je pense qu'il rejoint tes propos "soustrayez-vous à l’emprise de l’époque. Elle agit sur nous de multiples manières et son action est bien souvent néfaste. Quand on s’affranchit des conditionnements que nous subissons, on retrouve de la fraîcheur et on devient capable de savourer la vie, même si elle a parfois un goût amer."
    N'est-il pas possible de contourner les murs quand on ne peux les éviter ni les escalader?
    Les mots viendront en leur temps Go, et le billet suivra. L'attente peut être une bonne chose. Bon courage face à tes nombreux obstacles.

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  9. Est on nous même, même dépouillé de tous artifices ou est on une autre personne. Vaste question ...
    Le 'vrai soi' ressurgit parfois il me semble, dans les vieillards qui oublient et ne font plus semblant, certains sont 'mauvais', d'autres 'doux', ce qu'ils sont tout au fond ressurgit. Sinon, l'être humain s'adapte et revêt des panoplies inconsciemment (très important le inconsciemment car nous ne sommes pas machiavéliques tout de même), que ce soit dans la jungle, dans la vie de tous les jours, au travail ... bien malin est celui qui juge l'autre !

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  10. Beaucoup de choses très justes ont déjà été dites dans les commentaires. C'est difficile d'être 100% soi-même car on subit, à des degrés divers, l'influence de nos proches ou/et du milieu du travail. C'est lorsqu'on est avec des gens (pas nécessairement proches) avec qui on se sent en confiance et qui vous écoutent, sans essayer de juger, épier ou de vous influencer, qu'on est le plus soi-même. Et peut-être que pour certains, cela passe plus par l'écrit que l'oral? Si je prends ma petite expérience, je me sens beaucoup plus moi-même à 30 ans qu'à 20 ans, car quand on est jeune ado, on est fort influencé par notre cercle amical.
    Bon week-end Delphine.

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  11. ms: tu crois que le petit vieux méchant et agressif a été ainsi au fond de lui pendant sa vie consciente? Je rendais visite à des personnes âgées et il y avait une petite dame âgée qui revivais cent fois par jour son mariage: elle dansait en racontant le plus beau jour de sa vie: j'aimerais porter toujours les beaux souvenirs et oublier les mauvais...

    PB: je suis d'accord avec tout ce que tu dis. Merci pour toutes ces vérités que tu partages avec nous. Bon dimanche!

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