jeudi 20 mai 2010

"L'enfant neuf" de Colette Nys-Mazure, Mouvance et pérennité

Colette Nys-Mazure partage dans "L'enfant neuf" sa réflexion sur le drame qui a marqué son enfance. Fillette insouciante de sept ans et aînée de deux frères, elle vit la mort accidentelle de son père. Ce décès est suivi de près par celui de sa mère qui s'étiole et s'affaiblit de jour en jour, ne résistant pas au chagrin et au désespoir:
"Cette quête pourrait m'offrir un secours pour autant que je ne m'y arrête pas, car lorsqu'on a vu et compris, on n'a pas encore pris la route et, lorsqu'on marche, il reste encore à entretenir l'allant; à garder un centre de gravité sans devenir grave pour autant.
A chacun son chemin et sa demeure. Ni conseil ni tutelle. Rien que l'humilité du voyageur cherchant sa voie en prenant tous les risques, lumière soufflée par le vent de tempête ou sentier baigné de clair de lune. (...) une quête qui n'a rien d'égocentrique: en avançant on entraîne quelques autres comme on est soi-même hélé par le pas qui précède." éd. Bayard, 2005, p. 46
Je me pose des questions, je réalise que je change sans changer. C'est la crise des quarante ans, me dit spirituellement Amaury. Crise, je ne sais pas, mais évolution et cheminement, très certainement. Alors qu'auparavant, j'ai toujours claironné que je ne pourrais vivre sans travailler, je ressens aujourd'hui le besoin de m'arrêter, de m'asseoir, de m'accrocher au temps présent et à tout ce qu'il m'offre. Alors que j'ai toujours essayé d'aller au coeur des choses et des gens, je me rends compte que la course contre la montre que nous vivons continuellement nous rend la tâche ardue. Réfléchir au passé, au mien mais aussi à celui de ceux qui m'entourent, essayer de le déchiffrer et de lui donner un sens, sans regrets ni amertume, afin de mieux comprendre le présent et préparer l'avenir, contempler les enfants, ordonner, écouter, me ressourcer, prendre le temps et en profiter pleinement pour grandir et m'enrichir... faire grandir et enrichir... Oui, sans doute les 40 ans... mais bien plus aussi. Suivre cette quête qui ne m'a jamais quittée mais se fait plus pressente, plus urgente. Garder ce centre de gravité tout en prenant tous les risques inhérents à la quête. regarder les rides se former, accepter ce corps qui commence à craquer, le diriger vers la ou les réponses... me préparer, sans gravité mais sérieusement à la mort, la mienne et celle des miens...
Photo empruntée à Dam, sur mon Chemin

23 commentaires:

  1. Commencer ton article par un hommage à Colette Nys-Mazure, cette Grande Dame de la littérature belge, qui me touche à chacun de ses livres que je lis, et à qui j'ai déjà eu l'occasion de parler à trois reprises lors de séances de dédicaces, ne peut que me faire plaisir. Elle incite souvent ses lecteurs à ne pas oublier de vivre le moment présent, notamment dans son livre "Célébration du quotidien" qui rejoint assez bien l'esprit de ton article.

    Il m'est difficile de réagir à ton article car je viens seulement de passer le cap de la trentaine, et ton texte montre qu'on réagit différemment à 30 ans et à 40 ans. Tu résumes bien la difficulté de concilier vie privée, vie professionnelle et ses envies personnelles, ce qui est loin d'être toujours évident...même si dans mon cas, je l'ai réalisé au-delà de mes espérances depuis cinq ans. Oui, le temps passe vite, allons à l'essentiel et profitons de chaque moment possible avec nos proches sans reporter à plus tard.

    Beau texte Delphine et profite bien de ce week-end ensoleillé de la Pentecôte en famille.

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  2. PB: Je t'avoue avoir pensé à toi en le lisant; je me rappelais tes paroles laudatives à son égard. Je ne la connais pas si ce n'est à travers ses écrits; il faudrait que je répare cette faille. Tu as raison, à trente ans on a la vie devant soi et on construit avec une certaine maturité, à quarante, on se pose et on réfléchit à la courbe de sa vie, la destination que chaque fléchissement lui réserve...On perçoit l'aboutissement alors qu'à trente on voit les obstacles à surmonter.

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  3. Alors à 50, je ne vous dis pas :-). Cela n'est plus urgent, cela devient impératif. Et quand la vie vous empêche d'arrêter de travailler, ce qui est le cas pour la plupart de ceux qui ont charge de famille, cette quête est d'autant plus frustrée. Tu vois, je pense souvent aux printemps, aux Noël, aux automnes qu'il me reste encore à admirer et j'enrage de ne pas pouvoir m'arrêter plus pour profiter de tout cela;

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  4. Mais c'est drôle, je dois être anormale, je n'ai pas du tout passé ces caps-là, moi!

    Est-ce normal, docteur?

    Pour tout dire, petite je me réjouissais de ne plus être jeune ... je veux dire que je trouvais pas que la jeunesse était un tel bienfait. Ça m'était égal. Ou j'étais très sage ou très stupide, ce qui est peut-être la même chose.

    Mais maintenant, mesdames, maintenant, à 62 ans, oui, je passe un cap. Tu me fais rire, Delphine, avec ton corps qui commence à lacher à 40 ans. Rides d'expression, beauté de la maturité, plus d'aplomb... c'est un âge merveilleux. A 62 ans, avec les pattes d'oies, les bajoues de bulldog, le cou de dindon et les autres joyeusetés du genre, c'est un zoo en pièces détachées. :)

    Et ça m'ennuie un peu, j'avoue. Mais pas trop, parce que c'est un pur délice d'être en vie, au seuil de la vieillesse qui, si j'en crois certaines "vieilles dames", donne encore beaucoup de choses. Elle se paie avec les rides...

    Mais chacun son chemin, et je ne me moque pas. Je suis juste surprise de trouver un brin d'affolement chez des femmes que je trouve si jolies et ... si jeunes encore!

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  5. Et à 50 ans, j'ai fait le pas...Même si les rides apparaissent et que le budget "maintien de la carcasse" augmente au fil des nuits plus courtes, je me connais mieux et apprécie plus ces moments de grâce (comme écrivait Edmée) ou de plénitude que le temps mieux adopté m'octroie. Je connais mieux mes limites et les accepte. Et devant moi, la vieillesse. Je n'ai pas de temps à perdre, le monde est vaste et les autres sont légion. Et je comprends parfaitement la frustration de Myosotis. Quelqu'un dans mon travail me disait: "Vieillir ou être vieux c'est d'avoir moins envie". Je n'en suis pas encore là, et toi non plus.

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  6. Je préfère ne pas te parler de celle des cinquante ans.
    sourire.
    Les questions, la recherche de réponses, de ses réponses,constituent le vie.
    Je t'embrasse.
    Math

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  7. Bel hommage à cette grande dame de la littérature,que j'admire beaucoup.
    Très bon week-end de Pentecôte ensoleillé!

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  8. Il me semble, Delphine, qu'ils surgissent dans notre vie à n'importe quel âge, ces moments où nous nous voyons courir d'une chose à l'autre sans plus vraiment savoir où nous sommes. Donner alors plus de temps à ce qui nous donne des forces permet de retrouver son chemin.
    Changer de vie? Pas forcément. Changer de regard, de rythme - si le corps donne l'alarme, l'écouter.
    Oser de nouvelles couleurs, pourquoi pas? Elles ne sont pas si futiles que cela.

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  9. @Myo: Plus que xxx fois dormir et on se demandera comment occuper nos journées :-) Comme je te comprends, carpe diem!

    Edmée: Toi, anormale, je ne crois pas! Bien dans tes baskets certainement, même avec un zoo comme panoplie! Et non, je ne suis pas affolée, simplement réaliste: le corps n'est plus ce qu'il était, les fils d'argent s'avancent sur la pointe des pieds, j'ai des courbatures après avoir manifesté avec Chenapan sur les épaules, je dors mal, le dos coince etc etc (je ne vais pas commencer à énumérer les bobos, ça n'a aucun sens ici) et heureusement j'ai près de moi un visage tellement boursouflé qu'il me rappelle à chaque moment combien le naturel est charmant! Beauté de la maturité, j'aime bien et je retiens :-)

    Damien: nous raconteras-tu un jour comment tu as pu faire le pas: tout lâcher pour tout trouver? Tu as et auras tant de choses à raconter à tes proches....

    Math, heureusement nous sommes là pour chercher les réponses! tout va à cinquante et combien déjà? Je t'embrasse

    Cristina, merci et de même sous le soleil de notre chère Belgique.

    tania: Choisir les moments et changer le regard, c'est bien ça. Ca paraît simple mais ne l'est pas tant! Je vais essayer les nouvelles couleurs je crois... Merci pour ces conseils judicieux.

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  10. A 30 ans, j'ai du arrêter de travailler pour suivre mon mari. Je ne voulais pas et ai enchainer pendant 5 ans congé sabbatique, maternité, parental, pour convenance personnelle ... quand j'ai du envoyer une lettre (à 35 ans donc) disant que je ne revenais pas, j'en étais malade. Et petit à petit, j'ai fini ma retourner ma veste et mesurer ma chance ... Mais ne t'inquiète pas, les questions, on se les pose à tous les ages. En ce moment ici, ce serait plutot, mais qu'est ce que tu as fait de ta vie à part élever tes enfants, t'aspire pas à autre chose (réflexion toute personnelle !). Encore et toujours ce bilan qui montre que l'on se rend compte que le temps passe. Bon week end.

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  11. "crise de la quarantaine", sans être une "crise", c'est une étape à laquelle on se pose des questions, on fait des bilans, on réajuste ses exigences, on a appris l'amour, la patience et la tolérance. Normal que tu aies envie de ralentir et de te poser pour regarder plus attentivement ce qui te parait important. Fais-le. Pose-toi, prends un temps partiel si ça t'est possible et regarde pousser les fleurs.

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  12. Désolée pour les foooootes : enchainé, par retourner ma veste ... My goodness !!!!

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  13. Bonjour chère Delphine

    Je te réserve mon premier commentaire de retour sur la blogosphère. Je suis un peu sonnée aujourd'hui par l'expérience que je viens de vivre cette semaine. Aussi, j'accommode mes premiers pas en posant mes pieds sur ton blog, tout doucement, comme lorsqu'on descend d'un manège et que l'on a un peu la tête à l'envers. Est-ce la quarantaine qui te rend un peu lointaine en ce moment? Toujours est-il que j'ai l'impression de ne plus t'avoir parlé depuis des jours.Depuis bien avant mon départ en fait.
    Je te rassure, moi qui ai vu ton regard briller, ton âge te va à merveille. Et un jour viendra, je l'espère, où je pourrai te le dire de vive voix.
    Je t'embrasse
    Célestine

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  14. Delphine, ça fait plusieurs fois que je tente de laisser un commentaire sur ton billet, et il n'apparait pas ! Je dois faire une fausse manip, ou alors, mon grand age me joue des tours ! :o)))

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  15. Bonjour ensoleillé Delphine,
    L'énergie a des hauts et des bas, je ne pense pas qu'elle dépende tellement de l'âge qu'on a. Tout faire et bien le faire, oui, la frustration vient souvent de notre "boulimie", on veut tout: famille, travail,amis,lecture, sorties, maison, temps libre..., ajoutée à notre désir de perfectionnisme, ah ça, on veut aussi ça! Alors le découragement nous envahit parfois, les forces nous font défaut. Puis ça passe. Je t'embrasse, jeune femme.

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  16. ms: ben oui, nom d'une pipe, qu'as-tu fait à part présider les classes, des comités de fêtes, des oeuvres de charité où tu manageais des groupuscules politico-maternellement corrects, des mères en folie, des profs déboussolés, des voisins acharnés, des conducteurs de voitures paniqués, des zados en déroute et en mal d'écoute, qu'as-tu fais? Un job de DRH à temps plein ma chère!Si si!

    FD: ton conseil est judicieux: j'y pensais et viens d'en parler à Amaury: si tout va bien, je le propose à mes boss en septembre: comme le job "pouvait évoluer" vers un mi-temps, je croise les doigts et espère... Comment va grenouillette? Et les zados?

    re ms: même pas remarqué les fautes :-)

    Celestine: merci pour ce privilège: c'est que tu viens de loin dis donc! Aldébaran! Je m'éloigne? Sans doute pour mieux me positionner, besoin de prendre du temps pour beaucoup de choses, mais rien de personnel, crois-moi! J'ai sans doute la tête à l'envers moi aussi, sans pour autant avoir décollé.

    Kabotine: désolée, je t'assure que je n'y suis pour rien! Et euh, que voulait me dire ton grand âge, si je ne suis pas indiscrète?

    Colo: oh oui, l'énergie est bien capricieuse parfois, elle peut nous jouer de sales tours... la jeune femme te remercie et te souhaite des jours sereins et heureux parmi les tiens et aux côtés de ton arbre séculaire..

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  17. chère Delphine
    Je crois qu'il est bon de faire de temps en temps un bilan de sa vie, de réfléchir au pourquoi du comment et de revoir les choses s'il le faut, s'il semble qu'elles ne conviennent pas ou plus
    Et cela qu'on ait 40 ans ou plus...
    <Il faut juste être lucide et ne pas se mentir à soi-même sur ses propres valeurs et celles du couple
    Quand à ton âge... moi qui t'ai vu en vrai de vrai... plus jeune et plus jolie que toi...y a pas!!!!!!
    (ceci n'est pas une flatterie facile, je le crois VRAIMENT!)

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  18. Coum merci tu sais, vraiment. J'ai un peu la tête ailleurs ces temps-ci, dans les nuages ou dans le sable, je ne sais trop, mais difficilement dans le présent. Il faut surtout que les deux se trouvent et se retrouvent dans les mêmes valeurs. Et il n'empêche que le dos se fait quand même sentir si si :-) Je t'embrasse

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  19. Épicure disait que la mort est une accident qui arrive aux autres. La mort n'a rien d'important pour nous. Tout le monde sait tôt ou tard que la mort m'arrivera un jour. Épicure nous a conseillé d'enlever le pronom "moi" de cette phrase et de continuer à vivre. Vous avez du temps. Rien de grave. La seule chose qui me gêne de tout cela et pourquoi diable est-ce que j'ai laissé passer autant de temps en ne jamais lisant d'Épicure.

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  20. Ren:merci pour ce commentaire interpelant! Mais on ne sait pas si on a du temps... et je préfère ne pas être prise au dépourvu si vous me suivez... Je passe chez vous!

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  21. exactement dans la même situation delphine ,et du même âge...du coup j'ai lu tous les commentaires passionnants des blogueurs de qualité qui gravitent autour de chez vous...et s'ils sont là c'est qu'humainement il y a de belles choses en vous...là est sans doute déjà une excellente preuve et nouvelle pour surmonter le cap ;-)

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  22. Dam, merci pour votre passage qui me touche beaucoup et pour le commentaire encourageant: ravie de partager les mêmes questions et accessoirement le même âge :-) Comme vous le savez je suis une admiratrice inconditionnelle de vos photos et de leur association qui en dit long sur ce qui vous (pré)occupe: elles m'inspirent bien souvent! A bientôt et bonne continuation...

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  23. (j'ai compris pourquoi il n'appait pas mon comm : j'oublie de valider l'antispam... voilà, maintement tu le sais, je suis une vraie blonde !)
    Mon comm faisait allusion à la vingtaine : l'ère de la quête des mecs, la trentaine : l'ère de la quête des mômes, et finalement de la quarantaine que j'ai autoproclamée l'ère du moi. A quarante ans, je m'occupe de mon épanouissement personnel, et je fais ce qui me plait ! (ou presque, comme d'hab en fait !)

    Voilà, rien de palpitantissime non plus... ;o)

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