vendredi 5 février 2010

Comme un oiseau


-Je voudrais être un oiseau, me dit ma fille dans la voiture.
-Ah oui, pourquoi?
-pour voler.
-Et pourquoi aimerais-tu voler?
-Pour dépasser toutes ces voitures qui n'avancent pas...
Soupir qui traduit un très léger désappointement : moi qui voyais déjà ma princesse transformée en poète, la chevelure ondulant gracieusement sur ses épaules, le doux regard contemplant l'immensité...
-Et puis aussi pour découvrir le monde!
Lueur d'espoir dans les yeux de la maman.
-Quels pays aimerais-tu visiter?
-Le Mexique, l'Espagne et l'Italie.
Re-soupir: rappelez-vous les attachements de ma fille: elle est décidément très terre-à-terre!
Cette petite conversation m'amène à une question que je me pose souvent ces temps-ci et que soulignait encore Damien. Nous avons quelques amis expats, des globe-trotters aussi qui voyagent énormément pour le plaisir ou par obligation. N'ont-ils pas, à un moment donné, envie de déposer leurs bagages? Leurs valises ne pèsent-elles pas trop parfois? Ne ressentent-ils pas le besoin de se fixer et d'avoir un havre qui leur sert à la fois de repère et de refuge et est une part de leur identité?

Ornithoptère d'Eward Frost et photo de Dam

12 commentaires:

  1. Mais pour dépasser les voitures elle pourrait être cheveux au vent et puis certainement se mettre à s'émerveiller de la beauté de ce qu'elle pourrait observer.

    Evidemment si elle se trouve au-dessus d'une cité HLM, c'est pas évident je l'avoue..

    Mais par contre, voler au-dessus de la campagne pour ce qu'il en reste ça peut quand-même être merveilleux!

    Amaury

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  2. Pas question d'habiter ailleurs qu'en Belgique et pas envie de quitter mes proches et mon lieu de travail. Quant aux vacances, cela ne me tente pas en dehors de l'Europe et la France reste toujours ma destination favorite (et grâce aux amis bloggeurs, je découvre plein de nouveaux endroits!) ...sans oublier Prague dont je garde un très bon souvenir. Bon week-end Delphine.

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  3. "Heureux qui comme Ulysse a fait un beau voyage
    Ou comme celuy-là qui conquit la toison
    Et puis est revenu plein d'usage et raison
    Vivre entre ses parents le reste de son âge"

    Quatre siècles.
    Pas une ride.

    Qui dira mieux que lui les délices du juste milieu? Ni trop, ni trop peu. Tout quitter et tout emporter. Le yin et le yang. Partir et revenir.Aimer le ciel, aimer la terre.
    L'ivresse de la liberté et la douceur des liens...

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  4. C’est sans doute en volant qu’elle deviendra poète, et puis avec une telle maman comment pourrait il en être autrement ?
    Bises
    Math

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  5. J'aime autant flâner autour du globe que trotter dans mon jardin. Parce que mon jardin ressemble en miniature au monde. Une mésange m'émeut autant qu'un perroquet. Et mes pensées volent toutes seules, rien ne les arrête, ni visa, ni pannes de transport.

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  6. Quand l'envie commence, même pour des raisons 'triviales' :)) Et pour les expats voyageurs, j'ai justement abordé cette question avec plusieurs amies qui depuis des dizaines d'années vont 3 ans en Asie, 3 ans en Europe, 3 ans en Amérique .... et qui en profitent bien sur pour voyager et visiter pendant leurs congés, mais tous, absolument tous ont un pied à terre quelque part, un petit coin à eux, pas forcément dans leur pays d'origine d'ailleurs, mais un endroit où ils retournent chaque année et qu'ils appellent 'la maison'. Ça va Chenapan ?

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  7. Pour dépasser les voitures... elle n'a qu'à marcher!

    Accent Grave

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  8. Bravo Célestine! Oui oui c'est ça, tout à fait ça!

    Je trouvais si bizarre autrefois que tous mes aïeux voyageurs soient revenus "mourir" en Belgique, après avoir vécu sous des cieux ensoleillés, immenses, renvoyant le son d'autres langages.

    Et rien aujourd'hui ne me semble plus confortable que de revenir - pas "pour" mourir, même si ça arrivera aussi ... "à la fin"...- dans mon pays. Je me serai nourrie d'autres choses, et certaines me manqueront. Mais rien ne m'est, finalement, plus familier que mon pays!

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  9. @Amaury: oui elle pourrait effectivement, ça lui ressemble comme elle te ressemble par ailleurs.
    @PB: te connaissant comme je commence à te connaître, ce que tu exprimes là ne m'étonne absolument pas... Prague, tu as eu la chance d'y aller? Je suis tombée amoureuse de cette ville dès que j'y ai mis les pieds: j'ai eu l'opportunité de la voir avant la chute du mur et juste après et puis encore... Quelles différences : la première fois, des échafaudages masquaient aux touristes les façades pelées et décrépies, la deuxième des échafaudages signalaient les nombreux travaux de ravalement et la troisième fois, nous étions en Europe!
    @Célestine: "Aimer le ciel, aimer la terre" toute la synthèse d'Ulysse (un des premiers poèmes que j'ai dû étudier à l'école et qui était aussi au programme à la fac!); quel beau résumé des aspirations de l'homme. Je pensais plutôt à Icare, pour lequel j'ai un attachement particulier mais dont la fin est plus tragique.
    @Math, c'est si gentiment dit ça, merci. Tu ne réponds jamais à mes questions: à quand le récital, quel totem et quel quali??? Et je n'oublie pas de parler d'Horowitz, mais je trouve toujours autre chose à raconter...
    @Damien: quel résumé merveilleux du globe-trotter (et quelle répartie, bravo!), je suis un tout petit peu émue en te lisant. Si ton jardin ressemble au monde, c'est grâce aux soins de son propriétaire, tu ne penses pas? Et oui, heureusement, la pensée nous maintiendra toujours libres où que nous soyons. Mais jamais la nostalgie d'un endroit?
    @ms : oui, c'est sans doute une nécessité. Pour toi c'est la Grèce n'est-ce-pas?
    @Accent grave: bienvenu ici et merci pour la visite. C'est très vrai ça, mais elle n'aurait pas le même point de vue. Je ne savais pas qu'il y avait un Beloeil au Canada. On apprend tous les jours...
    @Edmée, d'accord avec toi. N'as-tu pas l'impression d'être apatride lorsque tu reviens dans ton pays d'origine? J'ai chaque fois eu ce sentiment qui durait plusieurs mois. Et la langue dans laquelle on rêve traduit le pays auquel on est attaché, je crois.

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  10. Je suis allé à Prague à la fin des années 90 et j'ai été séduit par la beauté et l'atmosphère de cette ville. J'espère y retourner un jour. Après Prague, mon voyage s'est poursuivi dans le sud de la Pologne avec la découverte de Cracovie, la visite d'une mine de sel (avec une église à plusieurs dizaines de mètres sous terre où avait encore lieu des mariages!) et enfin une journée remplie d'émotion aux camps d'extermination d'Auschwitz et de Birkenau. Je garde un très bon souvenir de ce voyage.

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  11. J'ai vu 5 ans à Turin, un an à Parme et j'en reste une Italienne de coeur. Mais je suis profondément attachée à la ville où je suis née. Et même si je n'exclus pas l'idée de repartir, je voudrais toujours garder un port d'attache à Bruxelles.

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  12. voilà un sujet que je connais bien pour avoir été expat 20 ans....l'expatriation il faut que tu le saches c'est un virus et quand tu le chopes...c'est foutu . Trois ans que nous sommes rentrés mais je ne rêve que d'une chose repartir...

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