vendredi 20 mars 2009

Devoir de mémoire, Auchwitz, Claudio Magris

Lors d'un voyage, j'ai eu l'occasion de m'arrêter à Auchwitz. J'avoue ne pas être descendue de voiture ce jour-là, j'aurais visité le camp comme un voyeur. Ce n'était pas le but ultime du voyage et je ne m'y étais pas préparée. J'ai préféré rester en retrait. On m'a donné raison mais pour d'autres raisons: il faut aller de l'avant, construire, s'appuyer sur les comportements héroïques et exemplaires qu'ont pu héberger les camps, ne pas regarder en arrière à ressasser des horreurs et des rancoeurs passées.
Jusqu'où va le devoir de mémoire? Tant que vivront les survivants des camps, leurs enfants et petits-enfants, tous ceux qui les auront connus et entendus et tant que les atrocités demeureront gravées dans leur chair, ils ne seront pas entièrement libres de regarder devant eux. Pour les victimes, nous devons nous souvenir. Mais nous avons aussi un autre devoir de mémoire: nous souvenir que l'homme est capable du pire, afin d'éviter le pire dorénavant. Que ce soit dans les camps, au Japon, en Russie, au Rwanda, en Espagne, en Afghanistan, en Bosnie, que ce soient des juifs, des chrétiens, des musulmans, des jaunes, des noirs ou des blancs... souvenons-nous que l'homme est capable du pire. Mais ce n'est que tournée vers l'avenir que cette mémoire sera fructueuse.
Claudio Magris distingue de manière très juste deux sortes de mémoires: la mémoire "qui nous pousse en avant, mais avec tout ce qui a été et qui est encore; une autre nous oblige à tourner la tête, c'est ce que nous pourrions appeler la mémoire régressive." Et il illustre son propos "Quand cette dernière affirme: "Baudelaire était un poète", la mémoire du futur rétorque : "Baudelaire est un poète".

Cette photo a été prise par Iain Bain.
En cliquant sur le lien, http://photo.net/photodb/photo?photo_id=3104991

vous découvrirez toute une série de très belles photos prises à Auchwitz.

1 commentaire:

  1. ah oui! Delphine... j'aime beaucoup le distinction entre les deux mémoires
    C'est la différence entre les regrets stériles, ou pleins de rancoeurs... et ce qui nous pousse à aller de l'avant, forts du passé
    Merci à toi

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