mercredi 30 septembre 2009

Crise et burn-out


Ces derniers jours on parle beaucoup de France Telecom et de la cascade de suicides qui malheureusement sévit au sein de ses murs...
J'ai longuement porté ce sujet douloureux, étant moi-même confrontée à des personnes souffrant dans leur travail comme dans leur esprit et dans leur corps de la désorganisation d'une nouvelle organisation. Elles ont été plusieurs à me confesser que les jours suivant le déménagement elles avaient des douleurs d'estomac, des nausées et des migraines... Ils sont nombreux à ne pas encore être à jour dans leurs dossiers parce que la fusion a eu lieu en période de vacances, au moment où les effectifs étaient réduits...

Deux conseils médicalement (scientifiquement) prouvés: une demi-heure de sport par jour équivaut à plus d'un anti-dépresseur, alors ne parlons pas du rire!
Chez nous, nous avons la chance d'avoir des responsables réellement préoccupés du sort de leurs employés dans un esprit de justice. De nos jours, c'est plutôt rare. Pas de politique, pas de racisme, mais un réel esprit d'équipe, une volonté de faire avancer les choses, un souci de professionnalisme... qui compensent les difficultés de la fusion et me font penser qu'on va surmonter la tête haute cette période sensible.
Quand je rentre épuisée de travailler dans l'urgence sans pouvoir me concentrer le temps nécessaire sur un dossier, j'essaie de me rappeler la chance que j'ai de cotôyer des collègues de réelle valeur.
L'enseignement, qui connaît un taux de suicide alarmant, devrait peut-être repenser l'encadrement des instituteurs et les services mis à leur disposition. Les réformes annoncées en Belgique ne les aideront certainement pas à se sentir valorisés... (Ah si je pouvais souffler quelques conseils à l'oreille de nos ministres... On peut toujours rêver...)
La photo est une fois de plus empruntée à From Belgium with love.

8 commentaires:

  1. La situation est carrément catastrophique dans tous les domaines où nous étions si fiers de notre service public, et du lien social...La poste, les télécommunications, l'école, la santé, tout est détruit par la volonté de ces messieurs les adorateurs de l'argent...
    Il y a des jours où j'en ai vraiment les larmes aux yeux
    Bises
    Célestine

    RépondreSupprimer
  2. J'ai lu ça sur Le soir en ligne, et n'en revenais pas. Quelle détresse. Je n'aime pas le système ici (USA), mais au fond il me semble plus stressant en Europe. Les avantages sociaux importants (surtout par rapport à ici!) font que l'on force trop souvent les gens à danser sur leur tête s'ils veulent garder leur place et ce qui "va avec".

    Je comprends que l'on en ait les larmes aux yeux parfois!

    RépondreSupprimer
  3. On oublie trop l'humain à vouloir aller toujour plus haut. l'anéne dernière tout prèsde chez moi c'était des sequestrations sur un site menacé de fermeture, des sit-in non stop pendant 2 mois sur le bod de la route devant une entreprise qui fermait (délocalisait...)etc etc, la liste est trop longue. Et puis aujourd'hui, rien à voir, c'est une collègue qui se fait tabasser en plein cours par un élève qui vient en cours la journée et qui s'en retourne à son hôpital psychiatrique après la classe, ce sont des collègues qui démissionnent à la pelle (pas des disponibilités, de vraies démissions) et des absences pour dépressions par wagons... Ta position n'est pas facile, Delphine et j'admire ta force à jongler avec toutes les contraintes. Hélas, je crainds que ça soit loin d'être terminé...

    RépondreSupprimer
  4. J'ai lu ton billet ce matin et il m'a fait pas mal réfléchir aujourd'hui. Je ne sais pas trop quoi penser. Si les conditions de travail en France et aussi en Belgique apparemment sont de plus en plus difficiles, peut on réellement imputer ces suicides sur le compte de la société ! Il y a une société ici, avec des conditions particulièrement favorables (horaires, avantages), des salaires très élevés, des horaires plus que corrects et au moins un suicide par an. Un ami DRH est en plein dépression (dans une autre grande société), incapable d'annoncer les licenciements aux salariés mais lui garde son poste, est envoyé en séminaire en Afrique du Sud... j'ai beaucoup de mal à comprendre sa dépression, son acceptation de ses avantages ... et de nouveau, je ne sais pas quoi penser, vivons nous dans une société plus dure, ou supporte t'on moins les contraintes, les difficultés ... j'ose à peine m'exprimer tout haut vu ma vie 'privilégiée' mais ...
    MS qui a toujours du mal à te laisser un com.

    RépondreSupprimer
  5. MS: il ya de nombreux facteurs qui rentrent en ligne de compte: d'une part, nous vivons dans une société de plus en plus exigeante et individualiste où nous devons afficher l'image de la perfection et du sourire qui témoigne d'un bonheur sans faille. D'autre part, au sein des sociétés, la rentabilité est le maître mot, et on a beau l'enrober de team-building et d'entretiens, de formations et davantages extra-légaux, si tu représentes un coût trop important par rapport à ce que tu produis, c'est "dehors" (et quand tu vois la concurrence des pays de l'Est et de l'Inde entre autre pour la consultance, de l'Asie pour la production, tu comprends que ce sont aussi des raisons de survie), les objectifs sont chaque année plus élevés, la technologie est de plus en plus complexe, on déshumanise beaucoup, on voyage dans le monde entier (un peu ça va, mais beaucoup ça devient infernal) on attend des employés une flexibilité à toute épreuve (c'est ce qui se passe dans le cadre des nombreuses fusions qui ont pour but d'être chaque fois plus important sur le marché, c'est ce qui s'est passé chez France Telecom où on a catapulté dans un call-center (personne ne tient plus que quelques mois dans un call-center c'est bien connu) des plus de 50 ans qui étaient gestionnaires de dossiers, tu te rends compte du stress que ça occasionne?) les clients sont agressifs et ne respectent plus leurs interlocuteurs, les fournisseurs sont peu consciencieux, et dans tout ça, vu la précarité et la pression, la politique interne (se faire valoir au détriment (trop souvent) des autres) est inévitable.Il est révolu le temps où un employé ne connaissait qu'un seul employeur au cours de sa vie. De plus, de nombreux "patrons" sont arrivés à la force du poignet (ce qui était moins le cas avant) et sont donc très arrogants par rapport aux subordonnés...Je ne généralise pas bien entendu! Si tu ajoutes à cela le fait que de nombreuses personnes ont perdu les repères familiaux et religieux traditionnels et de ce fait peuvent être désorientés, je crois qu'on a de nombreux éléments de réponses au mal-être profond des employés.
    Quant au DRH dont tu parles, n'oublie pas que la dépression est une maladie et que le comportement de ces personnes est souvent irrationnel; sans doute ne se rend-il pas compte des incohérences du sien...
    Quels type de problèmes rencontres-tu à l'heure de m'envoyer un mail?
    Célestine, je te crois sur parole, mais je ne suis pas assez la politique française pour saisir tout ce à quoi tu fais allusion. Tu m'en vois désolée en tout cas...
    Edmée, les US nous obligent à suivre leur modèle, c'est une des causes du mal-être européen: nous y sommes si peu habitués. Connaissez-vous les KPI? Faudrait que je vous explique, c'est une horreur.
    FD, oui, je sais que l'enseignement en France n'a pas la panacée... Que faire par rapport à ces enfants sans éducation et soutenus par leur famille?

    RépondreSupprimer
  6. Je pense pour ma part que l'homme en tant que tel n'a plus de valeur.
    On parle en terme de rentabilité, de performence, le plus forts s'accrochent, les autres se debrouillent.
    La société d'aujourd'hui me fait peur...
    Bisous
    Math

    RépondreSupprimer
  7. C'est vrai que j'ai quitté le monde du travail il y a 14 ans et que ça a beaucoup changé depuis. Ce que tu expliques me rappelle les 6 derniers mois passés dans mon job ou un nouveau directeur devait redresser la barre ... Il est vrai que dans le milieu d'expats et de fonctionnaires internationaux, on ne réalise plus bien ce qui se passe 'dans la vie de tous les jours', bien que certaines grandes sociétés soient en train d'être très durs et 'jouer' avec leurs employés expats. Par contre, je vis aussi dans un 'monde' ou nous sommes très gatés, pris en charge (nous vivons dans un véritable cocon)... et que pour certains, certains soucis deviennent des montagnes tellement ils ont été habitués à ce que l'on s'occupe de tout pour eux. Quant à la dépression, je sais que c'est une maladie et chaque fois que je vois ce copain, je me le répète en boucle et puis parfois, je trouve ses propos ou ceux de sa femme indécents par rapport à ce que vivent les autres et je me fiche des gifles mentalement pour me taire ...
    Sinon mon problème avec les coms, c'est que une fois sur deux, ça n'accepte pas mon compte google, tant pis, je resterai l'anonyme qui signe ;)

    RépondreSupprimer
  8. Mathéo tu as raison c'est ça la vraie catastrophe.
    MS: profite surtout comme tu le fais de ton statut de privilégiée. Ce qui est grave, ce sont ceux qui ne se rendent pas compte que tout n'est pas rose pour tout le monde ou ne s'y intéressent pas.

    RépondreSupprimer